acques Gravegeal a pris sa plume pour alerter le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, « sur la situation préoccupante que connait notre vignoble depuis quelques semaines. En effet, des importations massives de vins entrent en France et sont proposés sur le marché à des prix totalement cassés » s’alarme le leader des pays d’Oc qui indique « faire de la défense de l’origine pour les vins français sa priorité absolue ».
En réponse à cette situation préoccupante, le président préconise de prendre des dispositions pour soutenir les indications géographiques françaises et, notamment, mettre en évidence l’origine France. Le cas des Bib préoccupe particulièrement les pays d’Oc, qui écoule 70% des volumes commercialisés en GD française sous ce conditionnement (soit 1,2 million d’hectolitre). Des marques semblent avoir changé leur sourcing, remplaçant l’origine française par des vins venus d’ailleurs, sans que le packaging vante haut et fort cette substitution opportuniste. Or tous les bibs sont présentés pêle-mêle au consommateur en linéaire. Il est donc « trompé », estime Jacques Graveageal.


Pays d’Oc souhaiterait que le ménage soit fait dans ces linéaires pour cloisonner les origines, à la manière de ce que la loi prévoit pour les bouteilles. Une demande également portée par la Confédération nationale des IGP. « Il faut qu’un consommateur sache clairement que le Merlot qu’il a l’habitude de consommer n’est plus français mais espagnol, chilien, argentin ou sud-africain ou encore de plusieurs pays de la Communauté européenne » explique Jacques Gravegeal, qui, demande également à ce que la mention « France » soit exclusivement réservée à des vins d’origine française, des marques se prêteraient à une certaine dérive privilégiant le droit du sol et annonçant français des vins importés.
La défense de l’origine est en effet au cœur de la stratégie économique des Pays d’Oc, qui offrent le meilleur rapport qualité/prix pour un vin dont le lieu de production est traçé. « Encore faut-il que le consommateur puisse disposer de toutes les garanties pour le percevoir et faire son choix » note Jacques Gravegeal qui plaide pour que la filière vin soit associée à la concertation nationale des filières agricoles avec la grande distribution française, témoignant, s’il était encore nécessaire, de son esprit d’à-propos politique…
Pour le président de l’AFED, tirer à bout portant sur les importations relève davantage de la posture politique que de l’action économique. « Il faut écouter le consommateur et ce n’est pas en adoptant une stratégie de forteresse assiégée que l’on va répondre à ses besoins » lance Bruno Kessler. Son analyse est simple. Une partie des consommateurs français, ayant un pouvoir d’achat contrit par la crise, recherche avant tout le prix. Pour le bib, il s’agit de ne pas dépasser le prix psychologique de 10 euros les trois litres. « A partir du moment où l’offre française ne répond pas à cette attente, elle prend le risque de délocaliser une partie des besoins. Et c’est ce qui est en train de se passer » énonce celui qui dès novembre 2015 annonçait des importations étrangères à plus de 7 millions d’hl. Et d’estimer qu’en 2016, les importations pourraient avoisiner les 8 millions d’hl…