Produire du vin en Syrie, c’était déjà compliqué à mettre en place, mais depuis que la guerre est arrivée, c’est plus difficile encore » pose tout en retenue Sandro Johnny Saadé, co-propriétaire du domaine de Bargylus. Fondée en 2003 sur la montagne surplombant la ville de Lataké, la propriété familiale vit depuis 2011 avec la proximité de la guerre civile. Et continue de travailler son vignoble et de vinifier, malgré l’évidente solitude d’être l’unique seul vignoble syrien.


« Notre challenge, c’est de faire un vin de qualité. On continuera tant que l’on pourra » pose, comme une évidence plus qu'une audace, Sandro Johnny Saadé. Sous contrôle des forces loyalistes au régime syrien, la région de Lataké reste relativement calme. Un calme tout relatif, des bombes étant tombées dans les vignes, tandis que des échanges de tirs éclatent sporadiquement. « Il y a des petits de moments de tension » reconnaît sobrement Sandro Johnny Saadé, qui souligne que « 35 familles d’ouvriers comptent sur nous. Si on les renvoie, que deviendront-ils ? Ils viendront surement chez vous… »
Au-delà des risques de sécurité, le conflit syrien pèse sur le fonctionnement quotidien du domaine. Que ce soit pour surmonter les restrictions à l’importation des matières sèches (bouchons, bouteilles, produits…) ou organiser les exportations de vins finis (les containers réfrigérés mettent 45 jours pour relier Anvers, en passant par l’Egypte, le Liban…).
Avec 12 hectares, le domaine produit 45 000 cols par an*, commercialisés essentiellement. Famille chrétienne orthodoxe enracinée à Lataké, la famille Saadé a ainsi créé un vignoble au Liban (le château Marsyas). Les deux propriétés sont suivies par le consultant Stéphane Derenoncourt.
* : Il s’agit d’une cuvée de vin blanc (chardonnay/sauvignon blanc) et d’une rouge (cabernet sauvignon/merlot/syrah).