Dépérissement
La filière demande à l'Etat de participer à la recherche

L'ensemble de la filière viticole affiche sa détermination à mettre en place un vaste projet de mobilisation contre le dépérissement de la vigne. Elle attend que l'Etat fasse un geste.
La filière est désormais prête pour lancer un vaste plan de lutte contre le dépérissement du vignoble. "Nous avons voulu mettre en place une stratégie forte pour faire du dépérissement, l'enjeu de la filière" indique Jérôme Despey, président du Comité vin de FranceAgriMer, lors du Salon de l'agriculture le 29 février. Après avoir analysé les besoins et les actions à mener à travers une étude réalisée en 2015, le temps du concret est venu. Il s'accompagne de l'inévitable question du financement. De façon unanime, les professionnels ont décidé que les interprofessions viticoles participeraient. 10% du total des CVO collectées dans l'Hexagone, soient 1,5 million d'euros, abonderont le financement de la recherche.
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Mais ce n'est pas suffisant. Les professionnels se tournent vers l'Etat, lui demandant "d'identifier une ligne spécifique pour financer ce projet" indique Jérôme Despey, qui se rappelle que la filière viticole bénéficiait d'un fonds dédié à la recherche, il n'y a pas si longtemps que ça. La demande porte sur 1,5 million d'euros.
Les viticulteurs ne comptent pas uniquement sur une aide nationale. L'IFV et le CNIV collaborent pour mettre en place un programme européen. L'objectif est de bénéficier du plan 2020. Pour cela, il faut identifier des équipes européennes travaillant sur les notions de dépérissement... ce qui n'est pas si simple.
Pour convaincre, la filière viticole mise sur le caractère "innovant" du projet, argument avec lequel elle compte séduire. L'innovation se retrouve à travers son mode d'organisation qui "place le vigneron au coeur du projet" souligne Jean-Marie Barillère, président du CNIV. Il est l'acteur de la mise en oeuvre de la lutte et "la formation, l'accompagnement technique et économique l'aident à la mise en place de solutions" indique Christophe Riou, directeur des programmes scientifiques de l'IFV. Le projet est complété par un programme de recherche interdisciplinaire qui intègrent à la fois la physiologie de la plante, l'étude de la biologie du sol, le biocontrôle, les facteurs climatiques, ainsi que le matériel végétal. Enfin, le projet prévoit un volet économique en re-lançant observatoire national des maladies du bois, comptabilisant de façon précise le dépérissement et son impact économique.
L'innovation vient aussi de l'organisation de la gouvernance du projet. Aucune structure officielle n'est créée mais un conseil de surveillance composé de chercheurs et de représentants professionnels. Le projet mise donc sur le soutien dans le temps des interprofessions qui ont fait du dépérissement une priorité. Et, il faudra que leur engagement tienne le temps nécessaire à ce que la recherche trouve des solutions... Ce qui peut prendre du temps.