P
as de Saint-Valentin pour les activistes antiphytos de Bordeaux. Ce dimanche 14 février 2016, ils se réunissent à Bordeaux, partant de la place Pey-Berland pour une marche blanche. Fraîchement lancé, l’appel à manifester annonce qu’« aujourd’hui, la Gironde est montrée du doigt, comme département le plus consommateur de pesticides cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques. Mais ce n’est plus seulement l’affaire des viticulteurs, nous sommes tous concernés ».
« La Gironde est le premier département viticole de France, sa masse viticole la fait apparaître ainsi », nuance le vigneron Bernard Artigue, qui préside la Chambre d’agriculture de Gironde. Sujet de conversation des quatrièmes Rencontres viticoles d’Aquitaine, ce 10 février, au lycée viticole de Blanquefort, cette marche blanche l’inquiète : « Faire des raccourcis faciles ne peut qu’amener au pire, en trompant et frustrant. Il faut rentrer dans des débats plus sereins et réfléchis. Cette marche ne va pas dans ce sens. »
Se plaçant dans la continuité de l’émission « Produits chimiques, nos enfants en danger » de Cash Investigation, diffusée le 2 février sur France 2, cette marche blanche est portée par ceux que le vignoble bordelais considère comme ses plus agaçants aiguillons* : le syndicaliste Dominique Techer, de la Confédération paysanne de Gironde, les militantes Marie-Lys Bibeyran et Valérie Murat, de Générations Futures. « Si la société civile veut protéger ses enfants, elle doit montrer sa volonté de faire cesser le déni et l’omerta des institutions viticoles », annoncent-ils.
Alors que les représentants du vignoble girondin rejettent les accusations d’omerta (faisant valoir leurs actions environnementales, notamment dans la réduction des intrants), le fossé de la méconnaissance se creuse au profit de la suspicion. « Aujourd’hui, on dirait que les consommateurs voudraient que tout soit naturel, que ce soit le vin ou d’autres produits. Mais si on laisse faire la nature sans la rectifier avec des traitements, il n’y a plus de raisin à récolter aux vendanges », martèle Bernard Artigue.
De part et d’autre, le niveau de la mobilisation de dimanche sera particulièrement suivi, d’autant plus que le vignoble bordelais cristallise les enjeux sanitaires : intoxications d’écoliers à Villeneuve-de-Blaye, en 2014, publication d’une étude sur les cancers d’enfants à Preignac, procès en cours sur des décès de vignerons liés à l’arsénite de sodium…
*Taquin, on noterait qu’il ne manque que la journaliste Isabelle Saporta pour avoir en main les quatre as du poil-à-gratter girondin.
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Comme le rappelle le Larousse, la Marche Blanche était le nom du « grand rassemblement organisé à Bruxelles, le 20 octobre 1996, pour protester contre les actes de pédophilie » de l’affaire Marc Dutroux. Cette dénomination est désormais utilisée pour qualifier les marches silencieuses dédiées aux enfants tragiquement disparus.
Comme le rappelle le Larousse, la Marche Blanche était le nom du « grand rassemblement organisé à Bruxelles, le 20 octobre 1996, pour protester contre les actes de pédophilie » de l’affaire Marc Dutroux. Cette dénomination est désormais utilisée pour qualifier les marches silencieuses dédiées aux enfants tragiquement disparus.