epuis la mi-2015, les douanes chinoises sont devenues tatillonnes sur la présence de mentions biologiques européennes sur les vins importés n'étant pas labellisés « China National Organic Product Standard » (GB/T 19 630). Si précédemment le laisser-faire (ou laisser-aller) était de rigueur dans les services douaniers chinois, ces derniers bloquent désormais nombre de vins contrevenants, qui transitaient jusqu'alors sans problème. « On a senti la pression monter, et la route se fermer » rapporte Thierry Stoedzetl, le directeur de l'organisme de contrôle ECOCERT France.
Basiquement, le problème peut être contourné en retirant toute mention au vin bio sur ses étiquettes (et la contre-étiquette, obligatoirement en mandarin). ll peut également être résolu en s'attaquant à un coûteux travail de certification chinoise. L'obtention de cette norme coûte entre 2 et 5 000 euros par an, selon les surfaces viticoles et nombre de cols expédiés, indique Thierry Stoedzetl (Ecocert a ouvert un bureau en Chine depuis 2001). Le surcoût de la certification est en partie dû aux frais de déplacement de l'enquêteur, venant toujours depuis la Chine (les examens officiels pour délivrer la certification étant rédigés en mandarin, les auditeurs sont exclusivement chinois*).
Malgré tout, si un opérateur français souhaite assurer l'accès de ses vins bio au marché chinois, il pourra obtenir la certification adéquate en se pliant aux particularités de sa procédure. En plus des classiques audits à la parcelle, à la cave et dans la documentation, des analyses du vin sont demandées, ainsi que de l'air et de l'eau environnant le domaine. Si d'un point de vue viticole le cahier des charges chinois est très proche de la réglementation européenne, il est oenologiquement bien plus restrictif. Le texte interdit fermement toute utilisation de gomme arabique et de toute technique d'acidification ou de désacidification.
Pour les produits bio, le marché chinois reste cependant émergent. En la matière, la consommation chinoise est « immature, de niche, localisée dans les grandes métropoles (Canton, Hong-Kong, Pékin, Shanghai, Shenzen?) » tranche Catherine Machabert (responsable Asie pour Sud de France Développement). Pour l'experte, ce durcissement est clairement un moyen de poser des difficultés à l'importation aux produits étrangers, qui pourraient s'implanter plus facilement sur le marché émergent de la bio. Les consommateurs chinois douteraient en effet de l'honnêteté des labels domestiques et seraient plus enclins à croire ceux européens selon Catherine Machabert.
* : Thierry Stoedzetl annonce que des examens en anglais viennent tout juste d'être autorisés par les autorités chinoises (la China Alcoholic Drinks Association, ou CADA) et se tiendront à l'occasion du prochain salon Biofach (du 10 au 13 février 2015 à Nuremberg). Le coût des procédures devrait pouvoir se réduire à terme.