a campagne sur le marché du vrac en Beaujolais et Beaujolais-villages rouges « de garde » a démarré tout début janvier 2016. La principale bonne nouvelle pour les producteurs est que les cours ont – jusqu'à présent – retrouvé des niveaux nettement supérieurs à ceux connus l'an dernier : l'AOP Beaujolais s'échange en moyenne à 162€/hl et l'AOP Beaujolais-villages à 182€/hl, contre respectivement 110€/hl et 130€/hl l'an dernier. « Après une année de descente aux enfers, les prix ont bien remonté, constate Georges Monéger, directeur d'Agamy. On revient à des cours cohérents, sans pour autant atteindre ceux de 2012 et 2013. Années de faibles récoltes, elles avaient entraîné un marché très tendu », indique celui-ci.
Concernant les volumes échangés, les premières semaines de transactions montrent un marché dynamique pour les Beaujolais-Villages : 17200 hl avaient déjà été contractualisés, contre 7600 hl l'an dernier à la même période. Ces contrats portent uniquement sur du millésime 2015. « Deux ou trois négociants ont souhaité se couvrir en début d'année sur ce millésime, rapporte Laurent Chevalier, président de la Commission « économie et marchés » d'Interbeaujolais. La demande est forte dans cette appellation car il est très qualitatif et les volumes disponibles sont très faibles ». « Tout devrait être écoulé en très peu de temps », confirme Philippe Thillardon, président de la Fédération des caves coopératives du Beaujolais. A titre indicatif, 90.000 hl de Beaujolais-Villages avait été commercialisés l'an passé.
Pour l'AOP Beaujolais, la donne est différente. Le démarrage de campagne semble plus lent, avec seulement 7500 hl échangés au 23 janvier 2016, contre 8300 hl l'an dernier à la même période. « C'est plus compliqué pour cette appellation, car il reste du stock 2014 et la récolte 2015 est plus abondante ; les acheteurs se pressent donc un peu moins, analyse Philippe Thillardon. La campagne risque donc de durer plus longtemps ». Pour rappel, l'an passé, 84800 hl avaient été commercialisés dans cette appellation sur le marché du vrac.
D'une façon générale, Georges Monéger regrette, pour ce marché des Beaujolais « de garde », un système de prix qui ne dépend quasiment que des volumes disponibles, et dénonce donc « un mécanisme qui ressemble au marché des matières premières ». « Cette année, les prix remontent sous l'effet de la demande, liée à un manque de volume, et n'est pas lié à l'effet millésime », estime celui-ci. La conséquence directe : les cours des vins font le « yoyo » chaque année. « Or le marché en a horreur, explique celui-ci. Nous n'avons pas de visibilité et on ne peut pas s'inscrire dans la durée vis-à-vis des marchés et donner de la visibilité aux producteurs sur leur rémunération... »
De son côté, la Commission « économie et marchés » d'Interbeaujolais a récemment fait le point sur les volumes de vins disponibles à la vente, issus de la récolte 2015 et des stocks précédents. Ces derniers seraient en bonne adéquation avec les ventes potentielles : « Le marché semble équilibré, avec un stock à la fois suffisant pour alimenter le marché, sans pour autant avoir un excès de stock, annonce Laurent Chevalier. Les chiffres sont donc rassurants ».