Il faut revoir le verger des vignes mères. Nous croyons en sa délocalisation et sa mutualisation en dehors des zones viticoles », expose David Amblevert, le président de la Fédération française des pépiniéristes viticoles, à la tribune du 8e Forum environnemental des vins de Bordeaux (ce 20 janvier). « Cette problématique est partagée, nous avons la volonté d’y réfléchir et d’entrer dans une phase concrète », ajoute Laurent Bernos, le directeur du service vigne et vin de la chambre d’agriculture de Gironde (également responsable de la prémultiplication du matériel végétal).
Evoquant une mutualisation des vergers de vignes mères, les deux hommes disent aujourd’hui que toutes les possibilités restent envisageables, jusqu’à ce qu’apparaissent des contraintes techniques. En attendant, les portes restent ouvertes pour de nouveaux sites collectifs. « Et pourquoi pas au sein de la forêt landaise, sur les sols sableux qui sont peu favorables aux parasites ? », lance Muriel Barthe, la directrice technique du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux. A noter que ces désirs pourraient s’inscrire de plain pied dans l’optique des futurs cépages résistants. « La vraie problématique est d’installer les cépages que l’on a créés, et de les affranchir des contraintes sanitaires », explique Laurent Bernos.
Posée par le plan de compétitivité 2014 de la pépinière viticole française, cette volonté de restructuration profonde du verger répond aux contraintes sanitaires qui ont réduit les surfaces de vignes mères, et donc l'offre de plants de vigne. Evitant de parler de pénurie - « nous sommes plutôt dans un contexte de marché soutenu » -, David Amblevert convient que les difficultés d’approvisionnement en plants de vigne sont la rançon d’une exigence qualitative très forte. « Au terme d’un inventaire sanitaire rigoureux, nous sommes le premier pays européen producteur de verger avec l’ensemble de ses vignes-mères saines. Garanties sans court-noué ! », s’exclame-t-il. A l’occasion du forum, David Amblevert lançait d'ailleurs un appel aux vignerons : « Si vous avez des terres vierges de toute culture depuis 10 à 15 ans, nous pouvons imaginer y planter des vignes mères ! »