Le même scénario de déséquilibre entre l’offre et la demande est probable pour l’an prochain » glisse David Amblevert, le président du Syndicat des Pépiniéristes-Viticulteurs de la Gironde et du Sud-Ouest. A l’occasion de son assemblée générale, ce 8 décembre à Bordeaux, il témoigne de « premiers résultats de triage laissant entrevoir une récolte de nos greffés soudés traditionnels moins pire qu’en 2015, mais sans toutefois atteindre la normale ». Et si les taux de reprise s’annoncent meilleurs que l’an dernier, « la crainte d’une pénurie de plants demeure » prévient-il.
Ce vraisemblable manque de matériel végétal se répercute déjà sur les tarifs des pépinières d’Aquitaine, qui vont à la hausse. « Des tours de table que l’on a réalisé entre nous, il semble que le plant de cépage bordelais soit vendu autour de 1,38 € cette campagne » estime David Amblevert. Approuvant des tarifs moins « timides », il relativise l’augmentation en faisant état de plants à 1,75 € en Alsace, à 1,6 € en Champagne, à 1,5 € en Bourgogne, à 1,4 € en Méditerranée…
Si l’histoire semble partie pour se répéter entre 2014 et 2015, les pépiniéristes notent une différence de tempo. Les vignerons anticipent en effet leurs commandes, plus que par le passé, après la leçon de la dernière campagne (qui concluait le plan triennal de restructuration, voir encadré). « Nous ne pouvions pas répondre à la demande en greffés soudés racinés » rappelle Delphine Bouges, la secrétaire générale du syndicat, faisant part de taux de reprise en recul de 10 à 16 % par rapport aux prévisions. « Alors plan B, ou plutôt plant P ! » s’exclame-t-elle.
L’Aquitaine a en effet vu bondir sa production de plants hors sol en 2015, à 6,6 millions d’unités (+97 % par rapport à 2013). Globalement, l’Aquitaine a mis en oeuvre 22,4 millions de plants l’an dernier (+24 %). « Le plant en pot peut paraître contraignant, mais il n’en est rien » ajoute David Amblevert, autant pour les vignerons que les pépiniéristes, espérant que la demande des premiers rejoigne l’offre des seconds.
En Aquitaine, la forte demande de plants en 2015 a été poussée par la conclusion du Plan Collectif de Restructuration 2013-2015. En trois ans, ce sont 4 000 hectares qui ont été réalisés et subventionnés (moins que l’ambition initiale, notamment en contre-coup du difficile millésime 2013). Reconduit pour la période 2016-2018, ce dispositif s’engage désormais sur une base de 1 300 hectares par an. « Il convient d’en profiter, on ne connaît pas le devenir du dispositif après 2018. Les discussions seront incertaines, étant communautaires au sein de la PAC » prévient Yann Le Goaster, le directeur de la Fédération des Grands Vins de Bordeaux.