Pragmatisme
Vers une reconnaissance accélérée des cépages résistants européens

Les cépages résistants inscrits au catalogue d’un des Etats Membres de l’UE pourraient être inscrits dans le catalogue français sans expérimentation supplémentaire en France. C’est la demande unanime des professionnels, réunis pour la première fois le mercredi 13 janvier, dans le cadre du groupe de travail créé pour revoir le projet de texte sur le classement des variétés et l’expérimentation.
La mobilisation a payé. En décembre dernier, les professionnels étaient montés au créneau pour demander au Ministère de l’Agriculture de surseoir au projet d’arrêté définissant les modalités de classement et d’expérimentation de nouvelles variétés et notamment des cépages résistants au mildiou et à l’oïdium. Le texte proposé était jugé trop contraignant. Leur demande a été entendue et un groupe de travail a été créé pour réexaminer ce projet de texte.
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Au cours de la première réunion qui s’est tenue le mercredi 13 janvier, le débat entre professionnels et administration a porté sur les cépages résistants déjà inscrits au catalogue d’un état membre. Les professionnels ont souhaité qu’une procédure accélérée permette leur classement et leur inscription au catalogue français, sans qu’il soit nécessaire de refaire des expérimentations en France. Une validation technique de l’IFV et du CTPS des expérimentations menées sur ces variétés serait le seul préalable à cette inscription au catalogue français.
« Les professionnels vont proposer au prochain conseil spécialisé du 17 février une liste des cépages résistants étrangers qui les intéressent et l’IFV et le CTPS auront 6 mois pour rendre un avis technique et scientifique sur ces variétés. Une fois validées, ces variétés pourront être inscrites au catalogue et donc plantées en France », indique Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vin de France Agrimer.
L’autre point abordé durant cette réunion concerne les expérimentations de nouvelles variétés en France. Le texte initial prévoyait une limitation des surfaces à 20 ha par variété sur tout le territoire. Les professionnels ont demandé que ce soit 20 ha par variété et par bassin de production. Cette proposition est soumise à l’administration qui doit valider si le suivi des expérimentations par les organismes qualifiés pourra être mis en œuvre sur de telles surfaces.
A l’issue de cette première réunion, Bernard Farges, président de la CNAOC, se dit plutôt satisfait : « Il y a une forte demande de la profession pour que nous avancions rapidement sur ce sujet des cépages résistants. Nous avons la chance d’avoir une vraie piste pour préserver notre santé et répondre à la demande sociétale et environnementale de réduction des produits phyto. Il faut la saisir et avancer vite. Cette première réunion est un bon début ».
D’autres points plus épineux restent à débattre et notamment le nom de certains cépages résistants étrangers comme merlot kanthus, cabernet volos, sauvignon kretos, cabernet jura, cabernet cortis. L’arrêté initial indiquait que les variétés candidates au classement, ne devaient pas pouvoir induire le consommateur en erreur, visant clairement tous ces cépages résistants, dont la dénomination intègre le nom d’un cépage connu. « A partir du moment où une variété présente les caractéristiques d’un merlot ou d’un cabernet, je ne vois pas pourquoi, elle ne pourrait pas en porter le nom », estime Bernard Farges. Une position également âprement défendue par Jacques Gravegeal, président de l’ODG des Pays d’Oc. Cette question, qui fait débat au sein de la profession, sera abordée lors d’une prochaine réunion.