'est ce lundi 21 décembre 2015, date de l'assemblée générale du BIVB, qu'avait lieu la passation de pouvoir entre le vigneron Claude Chevalier, son président actuel, et le négociant Louis-Fabrice Latour, président-délégué. Ce dernier aura donc dorénavant la charge de présider l'interprofession des vins de Bourgogne et ce, pour une durée de deux ans. Claude Chevalier, qui est resté deux ans à ce poste, endossera désormais le rôle de président-délégué. Tous deux ont été élus en décembre 2013, à la suite de Pierre-Henri Gagey et Michel Baldassini. « Je m'inscrirai dans la continuité de nos illustres prédécesseurs, qui se traduira par une culture du dialogue, comme cela a été la cas avec Claude, avec vous, les ODG et l'administration, a déclaré Louis-Fabrice Latour, à cette occasion. Je ne ferai pas une révolution mais je m'attacherai à poursuivre la modernisation du BIVB ».
Un début de mandat qui commence dans un contexte quelque-peu houleux. A peine son discours achevé, Jean-Michel Aubinel, président de la CAVB, également présent lors de l'AG, a alors pris la parole. Il s'est exprimé à l'occasion d'un long discours, pour dénoncer les propos « choquants » tenus récemment par Fabrice Drouhin, président du syndicat des négociants de Bourgogne (FNEB). « Comment pouvons-nous accepter que par un recours en Conseil d'Etat, l'UMVIN approuvée par le négoce bourguignon puisse vouloir rayer d'un trait les droits fondamentaux des ODG à travers cette remise en question incroyable de la gestion du VCI ? » a questionné celui-ci. « Le VCI est un outil de régulation qui doit être perçu comme une assurance pour le revenu des exploitations, pas comme un outil pour réguler certains marchés », a t-il argumenté.
Autre sujet de tension qui revient sur le devant de la scène entre les deux familles : le refus de la part de la FNEB, depuis de longues années, de vouloir communiquer ses chiffres sur les stocks au négoce aux instances du BIVB, obligation pourtant inhérente aux accords interprofessionnels. « La viticulture est contrainte de déclarer ses stocks, pas le négoce. Nous sommes donc traités différemment au sein de cette interprofession », s'est même offusqué un viticulteur présent dans l'assemblée. Il est également reproché à Fabrice Drouhin la remise en cause de l'utilisation d'un nouvel outil dédié au calcul du prix de revient - tout juste développé par l'interprofession - ainsi que la divulgation des mercuriales.
En conclusion de son discours, Jean-Michel Aubinel a donc demandé au nouveau président du BIVB, Louis-Fabrice Latour, et devant l'assemblée présente, de se « désolidariser » de l'action de l'UMVIN. Il l'a également pressé de s'engager à ce que les débats « ne soient plus pollués par des attaques incessantes des prérogatives des ODG, comme les contingents ».
Des demandes auxquelles le principal intéressé n'a évidemment pas répondu directement. Il a néanmoins reconnu une attitude un peu trop « pushy » de la part de l'UMVIN ces derniers temps, sur les « grands sujets comme les contingents de plantation et le VCI, créant beaucoup de tensions ». « Ces grands débats nationaux polluent un peu l'atmosphère, a t-il ajouté. Nous sommes plus modérés que le négoce au niveau national et tant que la région prospère, les deux familles s'entendront ». Concernant le point précis de la divulgation des stocks du négoce, celui a déclaré vouloir faire « des efforts » mais sans s'engager fermement pour autant : « Nous ferons tout notre possible pour y parvenir, a indiqué le nouveau président du BIVB. C'est dans la bonne direction, mais c'est une démarche compliquée... », a commenté celui-ci.
L'AG a par ailleurs été marquée par le lancement du nouveau programme stratégique quinquennal, le plan « Amplitude 2015 », arrivant à son terme. Sobrement intitulé « Plan Bourgogne 2020 », son contenu a fait l'objet d'une présentation lors de l'assemblée générale. Par comparaison au précédent, les responsables professionnels ont décidé de limiter le nombres d'axes stratégiques à cinq et de mettre la priorité sur « l'amont », « notre préoccupation principale », selon Claude Chevalier : la gestion du potentiel de production et la rentabilité économique des appellations régionales et villages moins connues. La Bourgogne est en effet confrontée à différents problèmes qui grèvent chaque année la production : faibles rendements, dépérissement, aléas climatiques, etc.