Procès après procès, la jurisprudence édicte l’esprit des lois. Après Emmanuel Giboulot au début de l’année, le vigneron bourguignon Thibault Liger-Belair bénéficie à son tour d’un abandon de poursuites. « Le tribunal de Villefranche-sur-Saône a considéré comme nul l'arrêté préfectoral qui obligeait les viticulteurs à traiter leurs vignes, en Saône-et-Loire. parce qu'il n'avait pas été validé par le Ministère de l'Agriculture. », rapporte France 3 Bourgogne. La RVF précise : « En 2013, la préfecture de Saône-et-Loire a imposé une lutte obligatoire aux vignerons face à la propagation de la maladie sur le Mâconnais. Mais Thibault Liger-Belair a refusé d'appliquer ces traitements par conviction, mais aussi pour souligner une aberration administrative car son domaine se situe à cheval entre un département où les traitements étaient obligatoires (la Saône-et-Loire) et un autre où il ne le sont pas (le Rhône) ». « Et de deux ! Après Emmanuel Giboulot il y a quelques mois de cela, un second vigneron bourguignon, Thibault Liger-Belair, vient d'être relaxé aujourd'hui en première instance, et cette fois par le tribunal de Villefranche-sur-Saône, dans le département du Rhône, dans l'affaire de la flavescence dorée », écrit Christophe Tupinier dans Le Point. Il poursuit et va au fond du débat : « Nous sommes en 2013 et d'un côté de la route (en l'occurrence la Saône-et-Loire), un arrêté préfectoral vous impose des traitements insecticides pour éradiquer une cicadelle, un insecte vecteur de la maladie de la flavescence dorée, alors que de l'autre côté (dans le Rhône), rien, pas d'arrêté préfectoral ! Que feriez-vous à la place du vigneron ? La cicadelle ne serait donc pas capable avec ses petites ailes de traverser la route ? Si, bien sûr, et c'est pour dénoncer les décisions parfois « étonnantes », pour ne pas dire ubuesques, de l'administration française que Thibault Liger-Belair, vigneron bio depuis bientôt quinze ans, avait tranché : « Je ne traiterai pas !" L'État l'avait traîné en justice et le tribunal de Villefranche-sur-Saône vient donc de lui donner raison en prononçant la nullité de la poursuite ». Le temps est advenu où les insecticides sont devenus un débat d’intérêt public.
Les 100 marques de grands vins les plus puissantes
Mon Viti nous gratifie cette semaine d’un tableau des 100 marques de grands vins les plus puissantes en 2015. Ce baromètre annuel établi avec The drink business se base sur la valeur et le volume des échanges. On retiendra de ce baromètre le maintien au firmament des grands crus de Bordeaux Mon Viti observe : « Les meilleurs nouveaux entrants sont originaires de Bourgogne » et « la Californie continue d’être une étoile montante ».
Débat d’idées
Le vin c’est aussi une certaine représentation du monde. Vitisphere nous livre cette semaine un long entretien avec Roberta Crouch, chercheur Australienne, recrutée pour diriger le Masters en management international de l’ESC Dijon. Il apparaît que les différences d’approche entre Nouveau et Ancien monde ne sont pas si grandes. D’emblée elle rappelle que « le vin constitue l’un des derniers produits au monde qui ne provient que d’un seul lieu. La plupart des marques, y compris les marques de luxe, sont souvent conçues dans un pays puis fabriquées ailleurs. Dans le cas du vin, l’origine reste d’une importance primordiale pour le consommateur ». De part et d’autre de ces deux mondes, ce fondement posé, elle souligne l’importance d’associer le vin à son environnement : « Par le passé, on a eu tendance à raisonner en termes de commercialisation du vin, mais l’activité vitivinicole dépasse de loin ce seul aspect. Il englobe le développement du produit, les circuits de distribution, les financements, les références interculturelles et tout ce qui a trait à la production et à la commercialisation du vin, c’est-à-dire l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis la vigne jusqu’au verre ». C’est ce qui fait la force en même temps que la complexité d’un produit non délocalisable. De manière plus personnelle mais finalement assez proche, Matt Kramer, le chroniqueur du Wine Spectator, s’interroge cette semaine : « Pourquoi le vin ? ». Il commence par une citation du critique d’art Bernard Berenson de 1956, étrangement d’actualité : « Notre monde occidental contemporain est harcelé, poussé, piloté. Il exclut la vacance et la tranquillité, n’autorise ni la contemplation, ni la maturation lente des idées, ni la plénitude dans la singularité de l’individu». Kramer poursuit : « Le vin, le vin fin, est l’un de ces havres de paix dans un monde à hue et à dia. Je n’ose imaginer ce qu’aurait écrit Bernard Berenson en 2015 ! ». « Ce que j’aime dans le vin, c’est que si on lui laisse le temps de vieillir, celui-ci s’affranchira et affirmera au fil du temps son style (…) Et en cela il permet de nous évader ».
10 mille d’euros pour les victimes des attentats
Les Anglais de Decanter nous apprennent que les 14 domaines des crus classés de Graves ont levé 10 mille d’euros pour les victimes des attentats de Paris. Ils ont confié la vente aux enchères à Ideal Wine et les fonds ont été confiés à la Fondation de France. « Trois cents acheteurs de 20 pays, parmi lesquels la France, la Suède et Hong Kong ont participé à cette vente organisée le 11 décembre ». « Nous voulions faire quelque chose en réponse à ces atrocités et montrer que l ‘art et la culture, dont le vin fait partie, peuvent être une forme de résistance et de solidarité », a expliqué Jean Jacques Bonnie, président des Crus classés de Graves.
Pour vos cadeaux
On n’échappera pas aux idées de cadeaux vin. Le soir de Belgique nous offre sa liste, parmi eux : « le verre à vin qui tient dans le bain ». Au Canada, La Presse suggère « les crayons magiques qui permettent d’identifier le verre des invités ou à ajouter une pensée sur la bouteille que l'on offre en cadeau». Toujours aussi pince sans rire, les Anglais de Decanter nous gratifie d’un sketch réjouissant sur les affres des accords mets-vins illustré par un dessin. On y voit un client accoudé au comptoir d’un caviste au bord de la crise de nerfs s’étaler : « Nous avons une dinde et ma belle-mère sera là… Alors quelque chose qui puisse tenir en face d’un volatile vieux et sec ».