n France, on n’a toujours pas de pétrole, mais, parfois, on a des idées, comme celle d’industrialiser la production d’un « biocarburant durable issu des déchets viniques ». Réunis sous la bannière Bio Advanced Energy, le fournisseur d’énergies Dyneff* et la Sica Raisinor France Alcools vont investir une dizaine de millions d’euros dans une unité de déshydratation. Le but ? Élever de 93 à 99 degrés d’alcool l’éthanol vinique brut, en faisant ainsi un biocarburant de génération avancée.
L’unité de déshydratation sera stratégiquement basée à proximité de Saint-Gaudens, dans la Haute-Garonne. Pile entre les vignobles de Bordeaux et ceux du Languedoc-Roussillon, qui approvisionneront en agri-ressources non alimentaires l’unité de production. Situé dans le Comminges, cet outil devrait être opérationnel courant 2017. Sa capacité de production sera de l’ordre de 400 000 hectolitres, soit 5 %.
Cette joint-venture est portée par un optimisme sans faille dans le développement de l’utilisation des biocarburants dans les essences commerciales. « Le marché tend à augmenter au vu de la directive européenne qui impose une incorporation de biocarburants à hauteur de 10 % dans les essences d’ici 2020 », annoncent les industriels, qui soulignent que cette approche durable « n’entre pas en concurrence avec la production alimentaire ».
Basée à Coutras, en Gironde, l’union de commercialisation Raisinor est spécialisée dans le négoce d’éthanol vinique, récolté auprès de ses 25 distilleries adhérentes. Créée en 1995 pour le négoce de pépins de raisin à destination d’huile alimentaire, Raisinor France s’est lancée depuis 2008 dans la valorisation énergétique de l’éthanol, lorsque la commission européenne a cessé d’acheter les alcools issus des prestations viniques. À noter qu’en 2014, 48 des 50 distilleries de l’Union nationale des distilleries vinicoles ont choisi de quitter Raisinor Alcools. « Nous avons préféré en sortir pour commercialiser en direct nos alcools sur les marchés industriels », explique Claire Douence.
*Basé à Montpellier, Dyneff était jusqu’alors la filiale à 100 % de KazMunayGas (la compagnie nationale de gaz et de pétrole du Kazakhstan). Désormais, Dyneff aura pour actionnaire principal le groupe chinois China Energy Company Limited (51 % des parts). Actuellement, Dyneff gère un réseau de 100 stations-service en France. Depuis cet été, l’entreprise a obtenu le titre de fournisseur de gaz naturel.