l suffit que la perspective d’un traitement obligatoire des plants de vigne à l’eau chaude surgisse pour que les esprits s’échauffent dans une audience de pépiniéristes. Preuve en a été donnée ce 8 décembre, à l’occasion de l’assemblée générale du Syndicat des Pépiniéristes-Viticulteurs de la Gironde et du Sud-Ouest. Un débat enfiévré s’y est déclaré, avivé par la grille d’évaluation du risque de contamination à la flavescence dorée des vignes mères.
En application de l’arrêté du 19 décembre 2013 (et de son ordre de méthode du 23 septembre 2015) , une note doit être attribuée à chacune de ces parcelle, selon un barème apprécié régionalement. « Si le chiffre obtenu est inférieur à 4, il ne se passe rien. Mais s’il est supérieur ou égal, il y a déclenchement d’un traitement à l’eau chaude » explique Patrice Gentié, secrétaire général de la Fédération Française des Pépinières Viticoles (FFPV).
Les pépiniéristes d’Aquitaine s’inquiètent de l’actuelle version de travail du SRAL d’Aquitaine, qui semble plus enclin à distribuer les mauvais points que les bons. Selon la proximité de parcelles viticoles en production ou la présence de cicadelles dans le secteur, les coefficients défavorables sont nombreux. Et font craindre aux professionnels un couvert administratif pour mieux généraliser les traitements à l’eau chaude, une disposition rejetée de longue date, car augmentant les échecs de reprise.


Ce ressentiment de la pépinière est accentué par le peu de prise en compte de ses efforts de prospection (voir encadré). Selon le projet dévoilé par les pépiniéristes, une prospection supérieure à 50 % de la zone ne retrancherait qu’un point à la note globale. « Alors que nous sommes la première région dont la filière a demandé la prospection de ses vignes, nous avons face à nous une administration qui sanctionne, au nom du sacro-saint principe de précaution, les exploitations au nom d’hypothétiques présomptions » résume, sous les applaudissements, Daniel Amblevert, le précédent président du syndicat aquitain.
« L’un d’entre vous a-t-il reçu une notification administrative ? Il n’y a pas encore eu de prise de décision, le dialogue n’es pas arrêté » a martelé François Servieu, le chef de service du SRAL visiblement aussi remonté que son auditoire. Rappelant qu’il y a des négociations bilatérales en cours, il a pris acte des « arguments présentés, légitimes et recevables » et déclaré « attendre les contributions [des pépiniéristes] pour revoir l’analyse de risque ». Prenant au vol cet engagement, David Amblevert (le président de la FFPV et du syndicat aquitain) a validé l’objectif de « bâtir dès l’an prochain une grille d’analyse de risque pour gommer les disparités régionales et être dans le constructif ».
Jouant le juge de paix, le vigneron Bernard Farges (président du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) a reconnu qu’il était « difficile d’accepter que nous ayons plus de contraintes que d’autres régions ». Philosophe, il souligne les vertus du dialogue : « mais une assemblée générale n’est jamais le meilleur moment pour avancer… Sur ce sujet on se frottera toujours, mais quand ça frotte fort, c’est le signe que l’on avance. »
En attendant l’issue des négociations, la vigilance des pépiniéristes sera d’autant plus soutenue que l’assemblée générale de LaFFPV, qu’il préside, se réunira à Bordeaux du 18 au 20 octobre 2016, étant accueillie par la nouvellement inaugurée Cité du Vin.