a fin d’année s’annonce agitée pour la vitiviniculture argentine. Les domaines n’ont jamais été aussi bon marché alors même que les perspectives à moyen terme sont excellentes. Un cocktail explosif, né d’une longue crise qui laisse au bord de l’asphyxie de nombreux producteurs. En panne de liquidités, « certains ne voient même pas comment ils pourront financer la prochaine vendange », explique Carlos Lanizotto, directeur de l’Association coopérative viticole argentine (Acovi).
D’autant que l’élection, le 22 novembre dernier, du candidat libéral Mauricio Macri à la présidence de l’Argentine, laisse présager de deux ajustements économiques majeurs. D’une part, une hausse des taux d’intérêts pour juguler une inflation qui frôle les 30% annuel. D’autre part, une dévaluation du peso argentin.
La future hausse des taux pousse les acteurs les moins bien armés financièrement vers la sortie. Certains petits producteurs tendent désormais une oreille attentive aux offres qui leurs sont faites, aussi minimes soient-elles. « La plupart ont encore d’importants stocks non écoulés de la précédente vendange. Les prix sont tirés vers le bas. », ajoute C. Lanizotto.
Les 25.000 pieds de vigne du domaine de Fernando Dupont sont situés au pied des montagnes colorées de Maimara, à plus de 2500 mètres d’altitude. « On ne sait pas encore comment les consommateurs argentins vont réagir aux ajustements qui s’annoncent. Or, j’ai bénéficié de la priorité donnée par le gouvernement sortant à la consommation intérieure. », s’inquiète le vigneron. Il n’est pas le seul à se préoccuper de ce nouveau virage économique de l’Argentine. Et pour cause : le marché intérieur représente pas moins de 80% des ventes de vin du pays.
De l’autre côté du miroir des investisseurs aux reins solides continuent de penser que le potentiel exportateur du secteur est intact. Et avec une dévaluation qui pourrait dépasser les 20%, les perspectives sont encore meilleures. Début novembre, deux importantes ventes ont été finalisées. Les vins Navarro Correas sont ainsi tombés dans l’escarcelle du groupe Peñaflor, groupe leader du vin Argentin tant sur le marché intérieur qu’à l’export. Quant au domaine Ruca Malen, il a été absorbé pour $8,8 millions par le groupe agroalimentaire Molinos. Et ce n’est qu’un début. Dans les fonds d’investissements et holdings financières argentines, une dizaine de dossiers de domaines viticoles circulent de mains en mains.
3,5%: augmentation de la consommation intérieure en volume $ 785 millions: total des ventes à l’export, représentant une baisse de 6,3% en valeur et une hausse de 2,1% en volume Source : IES Consulting, rapport économique hebdomadaire, novembre 2015