fin de mettre un terme au déséquilibre qui s’est installé entre l’offre argentine de vins et la demande internationale, l’Institut National de Vitiviniculture (INV) envisage une mesure massue : la résolution C 37/2015, présentée comme la voie de sortie pour les excédents non qualitatifs. Introduit dans la réglementation vinicole, ce texte permettrait de retirer du marché les vins « aux valeurs analytiques correctes, mais au caractéristiques organoleptiques altérées » (notés moins de 57/100 en dégustation à l’aveugle), « qui sont désagréables pour les consommateurs et n’arrivent pas au marché » (mais pèsent sur le marché et les cours). Une fois jugé « inapte à la consommation », un vin ne pouvant être corrigé par les techniques oenologiques (selon les traitements autorisés) devra être envoyé dans les trois mois à la distillerie, ou destiné à l’industrie du vinaigre. Même s’il est avancé, ce plancher qualitatif en est encore au stade de projet. Il semble rester à définir précisément les caractéristiques organoleptiques insatisfaisantes (« goûts amers et de plastique, odeurs étranges et non vineuses… »), sachant qu’une bodega pourra demander une contre-expertise sur un lot rejeté.
Pour l’INV, l’objectif de cette mesure est clairement d’orienter la production de vins pour le millésime 2016, et la pousser à un bond qualitatif. Cette initiative divise, comme le rapporte le quotidien Los Andes. Selon Mauro Sosa (directeur du Centre des Viticulteurs et Bodegas de l'Est), cette mesure serait injuste, reposant sur « une excuse technique pour essayer de corriger des erreurs politiques ».
Cette résolution pourrait compléter l’article 23 de la loi générale sur les vins (n°14.878), qui définit comme non marchand un vin présentant de forts taux d’acidité volatile. Sur les neuf premiers mois de 2015, ce sont 13 millions de litres qui ont été jugés « altérés » selon les critères en vigueur (à 90 %, il s’agissait de vins en vrac sans indications géographiques). D’après les premières estimations, 50 millions de litres de vin pourraient être concernés par la résolution C 37/2015. En 2015, le vignoble argentin a produit 13,36 millions d’hectolitres de vin. Sur l'année mobile s'achevant en juillet, la consommation domestique de vins argentins s’élevait à 931 000 hl, leurs exportations étaient de 198 000 hl.
[Photo : Guillermo Garcia (président de l’INV) et Claudia Quini (responsable technique de l’INV) lors de ; INV]