Le marché est calme, on est en phase d’observation », estime Xavier Coumau, le président du Syndicat régional des courtiers de Bordeaux, de Gironde et du Sud-Ouest. En pleine course à la présentation des échantillons, il souligne que cette forte activité ne se répercute, pour l’instant, pas en achats significatifs. Malgré des disponibilités annoncées en retrait sur les blancs et rosés, le négoce prend son temps, rassuré par la qualité du millésime (et ses stocks).
Rosés et blancs : en attente de positionnement du négoce
Après un record de production de rosés en 2014 (258 000 hl produits), le repli des cours a calmé les ardeurs et les opérateurs s’attendent à une récolte du niveau de 2013 (de l’ordre de 180 000 à 200 000 hectolitres). En terme de cours, il devrait avoisiner en moyenne 1 150 euros le tonneau. « Voire 1 200 €/tonneau pour les belles qualités » avance Xavier Coumau. « Mais je n’imagine pas d’affaires à moins de 1 100 €/tonneau. Le négoce reste pour l’instant attentiste. Avec les belles qualités en 2015, il n’y a pas de peur de manquer de vins qualitatifs, comme pour une année hétérogène. »


La situation est quasiment identique pour les blancs. Les rendements de sauvignon blanc étant en net repli, un manque de vin blanc est pronostiqué (290 000 à 310 000 hl). Mais « malgré une plus petite récolte, les opérateurs traditionnels ont du stock. Il y a de quoi être surpris, on pensait que le marché serait plus actif» note Xavier Coumau, qui estime que la bonne production en blanc des autres vignobles français joue également dans ce jeu de patience.
Pour l’instant, les cours restent linéaires, les affaires allant lentement et sur la continuité de la campagne passée. Mais « je ne suis pas serein sur le cours des rosés et blancs, alors qu’il y a moins de vins » reconnaît Xavier Coumau.
Rouges : en attente de fin de vinification à la propriété
Dans le vignoble bordelais circulent les pronostics d’une production de vins rouges en léger retrait, à 5,2 ou 5,3 millions d'hectolitres. Mais pour Xavier Coumau, il faut prendre des pincettes, tant les rendements semblent hétérogènes. En terme de prix moyens pour les rouges, il estime que « le cours devrait rester stable, avec une moyenne de 1 150-1 200 €/tonneau. Ce que l’on cherche depuis des années »
En attendant janvier et le réel lancement de la campagne en rouge, les premières dégustations promettent, « là où c’est très bon, des vins meilleurs qu’en 2009 ou 2010. Mais globalement, les rouges sont plus hétérogènes dans leurs structures que ces millésimes exceptionnels » constate le courtier. Pour lui, ce qui est finalement le plus surprenant cette année, « c’est l'homogénéité de la qualité sur les trois couleurs. Souvent, les conditions pour que les rouges soient très bons sont défavorables aux blancs et rosés. Cette année, non. ».
Sur la campagne 2014-2015, ce sont 2,32 millions hectolitres de vins de Bordeaux qui ont été échangés en vrac (tous millésimes et appellations confondus). Le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux a enregistré une baisse de 9 % par rapport à la précédente campagne. Contre-coup d’une récolte plus importante que l’historiquement faible production de 2013, les cours ont clairement fléchi pour les bordeaux rouges (-6 %, avec un prix moyen de 1 215 €/tonneau). Avec la hausse de la production, le cours du tonneau de Bordeaux rosé a chuté de 7 % (à 1 144 €/tonneau). Les blancs secs de Bordeaux ont au contraire affiché une hausse de 3 % (à 1 189 €/tonneau).