e service Prospectives de FranceAgriMer mène actuellement une étude sur le vignoble français. Celle-ci doit déboucher sur la déclinaison de différentes adaptations envisageables pour celui-ci, face aux effets du changement climatique. « Une projection pour voir loin, dans les 15 ou 30 années à venir, pour se préparer à l'avenir et ne plus être en attente », justifie Françoise Brugière, responsable de l'étude.
Ces réactions imaginées sont au nombre de quatre, selon les adaptations plus ou moins importantes mises en œuvre dans chacun.
Dans la première, intitulée « modalité conservatrice », l'adaptation des acteurs de la filière vitivinicole est dite « passive » : celle-ci n'intègre que des changements « à la marge ». Par exemple, la lutte contre le stress hydrique se fait uniquement par l'adaptation des pratiques culturales, comme la gestion du feuillage, le paillage, le travail du sol, etc.
La seconde prévoit des adaptations plus importantes, avec la mise en place d'une « large gamme d'innovations techniques » afin que les vignobles puissent conserver leur localisation actuelle. Par exemple : recours fréquent au mouillage, à l'irrigation, etc.
Dans le troisième scénario, intitulé « Vignobles nomades », les acteurs vont plus loin encore, en déplaçant les surfaces cultivées en fonction des conditions climatiques : plus au Nord, dans les montagnes...De nouvelles régions viticoles émergent en France.
La dernière stratégie, appelée « modalité d'adaptation libérale », permet de tester une situation où « tout est possible partout ». Un scénario dans lequel des changements institutionnels seraient nécessaires, comme par exemple la disparition des systèmes AOP et IGP. « Dans celle-ci, on autorise tout », résume Françoise Brugière.
Les experts prévoient, de plus, de prendre en compte dans l'étude l'acceptabilité par les consommateurs, du changement de process et/ou de goût des vins.
Concernant la méthode, les experts combinent les hypothèses émanant de plusieurs disciplines scientifiques et des dires de professionnels de la filière. Les résultats de l'étude seront restitués au printemps 2016. Et Françoise Brugière de préciser : « Les quatre scénarios seront soumis aux producteurs dans les différentes régions viticoles afin de susciter un débat et de définir des stratégies réalistes ».