lors que les vins de Bordeaux se réconfortent avec les perspectives de reprises du marché chinois, le déclin de leurs ventes en grande distribution française continue imperturbablement. Il s’accélère même, tombant à 174 millions de cols sur l’année mobile s’achevant au 21 juin dernier, soit un repli de 7 % en volume par rapport à la précédente période (elle-même en repli de 4 % à l'époque).
Résolu à voir le verre à moitié plein, le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux relativise cette chute. Selon son analyse, ses ventes en GMS subissent d’abord l’effet conjoncturel de la petite récolte 2013 et de ses faibles disponibilités (3,84 millions hl, -28 % par rapport à la moyenne décennale). Mais l’interprofession girondine veut aussi voir dans cette régression son repli stratégique, conséquence du repositionnement visé par son plan Bordeaux Demain.
En terme de chiffre d’affaires, les ventes bordelaises se sont en effet maintenues en GMS (à 901 millions d’euros, soit -1% sur la période), affichant une nette hausse de leur valorisation (avec un prix moyen de 5,2 €/col, soit +6,5 %). « Je ne suis pas choqué si les volumes des vins de Bordeaux diminuent en France, tant qu’il y a substitution par des vins de milieu de gamme » résume le négociant Alan Sichel, vice-président du CIVB. Lui qui appelle de ses voeux la fin des bordeaux vendus à 1,5 €/col, se félicite de voir chuter les ventes en entrées de gamme et croître celles plus valorisées (voir graphique en illustration). Comme le rappelle le CIVB, les bouteilles de bordeaux vendues moins de 3 € pesaient pour 41 % des volumes commercialisés en GMS en 2007, contre 19 % huit ans plus tard.
Cependant, cette performance bordelaise est à mettre dans le contexte d’une évolution plus générale de la consommation française de vin : « moins, mais mieux », comme le résume la dernière étude du CNIV (panel IRI). A la fin juin 2015, les ventes de vins tranquilles en GD ont ainsi baissé de 1,1 % en volume, mais ont crû en valeur (+1,8 %). A la tête des ventes de vins d’appellation en GD, les vins de Bordeaux pèsent pour 28% des ventes en volume et 32 % en valeur sur la campagne 2014-2015. Le marché français représente, quant à lui, 58 % des commercialisations bordelaises, le réseau GMS en centralisant 47 %.
[Illustration : Structure et évolutions des ventes de vins de Bordeaux en GMS par tranche de prix(prix bouteille 75 cL, toutes couleurs) ; CIVB]