« Ne partez pas la fleur au fusil. Le marché chinois du vin est attractif mais les risques d'écueils ? pertes financières ou montages de projets peu scrupuleux ? sont importants », a prévenu Yannick Rousset, directeur du centre d'Affaires HSBC Entreprises de Montpellier (Hérault).
Ce mardi 3 juin, HBSC avec Axten avocats associés et Vinéa transaction avaient convié une trentaine de vignerons, propriétaires négociants du Languedoc à une conférence à Montpellier sur la sécurisation des opérations en Chine et en Asie. Premier réflexe à avoir pour aborder le marché asiatique : protéger ses marques.
Pour appuyer son discours, il a montré une étiquette de vin blanc « Romanee-Conti Appellation Coteaux du Languedoc Contrôlée » qui a fait rire la salle.
PROTÉGER DANS LES DEUX LANGUES
Cette protection peut s'effectuer soit par extension en Chine d'une marque déposée en France, soit par dépôt local. Dans les deux cas, il faut penser à protéger la maque en français et en chinois. Un travail préalable de translitération est indispensable pour s'assurer que la marque chinoise retenue a un sens et que ce dernier est positif. Il faut compter de seize à vingt-quatre mois pour que le Bureau des marques de Chine enregistre une marque.
Autre recommandation de François Perruchot-Triboulet, avocat associé chez Axten : réaliser soi-même la pose de la contre-étiquette en chinois. « Lorsque cette opération est prise en charge par l'importateur, elle est souvent réalisée à la va-vite, et le résultat n'est pas toujours optimum. Cela nuit à la qualité de présentation de la bouteille », estime-t-il.
Il préconise également d'exiger un audit sur les conditions de stockage qui, là encore, ne sont pas toujours optimales.
Enfin, il conseille de bien intégrer les frais douaniers et taxes diverses dans le calcul des marges : taxe douanière (14 % pour les vins conditionnés en récipient de moins de deux litres), TVA (17 %) et taxe sur la consommation (10 % sur les vins). « Il faut souvent faire l'avance de tous ces frais et en tenir compte dans le calcul de ses prix de vente », insiste-t-il.
LE CHOIX DE LA DEVISE
Stéphane Gigout, du département des marchés de taux et de change chez HBSC, a invité les exportateurs à s'interroger sur la devise à utiliser lors de leurs opérations en Chine. « Si vous vous limitez à l'euro, vous vous coupez d'une partie des petits distributeurs, a-t-il observé. Il est intéressant de réaliser une étude de marché pour savoir si vendre en yuan permettrait de développer votre chiffre d'affaires en augmentant le nombre de vos distributeurs. »
Ce spécialiste du marché des changes a indiqué que, sur le long terme, la devise chinoise devrait se renforcer par rapport au dollar, insistant sur la nécessité de se couvrir pour les risques de change si la monnaie chinoise est choisie pour travailler. « En Chine, où les entreprises n'ont qu'une seule banque, les commissions de change sont de 3 % minimum, soit vingt à trente fois plus cher qu'en France », a-t-il également précisé.
Autant d'éléments à bien appréhender pour optimiser ses performances à l'export.