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Vins de Cahors : Jean-Marie Sigaud prend sa retraite interprofessionnelle, tout sauf en silence
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Vins de Cahors : Jean-Marie Sigaud prend sa retraite interprofessionnelle, tout sauf en silence

Par Alexandre Abellan Le 24 septembre 2014
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Vins de Cahors : Jean-Marie Sigaud prend sa retraite interprofessionnelle, tout sauf en silence
A

u terme d'une assemblée générale truculente, Jean-Marie Sigaud vient de céder la coprésidence de l'interprofession des vins de Cahors à Maurin Bérenger (qui lui avait déjà succédé à la tête du Syndicat de Défense de l'AOC Cahors, en 2003). La fin d'une époque pour le vignoble cadurcien, qui tournait ce 23 septembre une page particulièrement pittoresque. Désormais président d'honneur de l'Union Interprofessionnelle des Vins de Cahors, Jean-Marie Sigaud a pris sa retraite interprofessionnelle avant celle professionnelle, se pliant avec sérénité au « devoir de laisser la place à la nouvelle génération »*. Aveyronnais autodidacte, cet aficionado de football (habitué au maillot n°6) annonce cependant que sa retraite ne sera pas un retrait.

En témoigne son timbre enflammé dès lors qu'il s'agit de défendre « la dignité des hommes » (notamment en terme de seuil de rentabilité pour les vignerons), ou la pérennité de la Villa Cahors Malbec (« que personne n'y touche, je suis près à prendre mon propre matériel pour manifester ! »). N'en déplaise à ceux lassés par sa verve, le Sigaud show n'est pas arrivé à son terme ! A quinze jours des vendanges du malbec de Cahors, on pouvait même assister à une représentation exceptionnelle ce 23 septembre, avec le passage en revue les actualités du vignoble (cours du vrac, convention IVSO...) qui a permis à Jean-Marie Sigaud de distribuer les bons points à ceux ayant construit le jeu collectif de l'AOC Cahors (« le meilleur des avant-centres ne gagne jamais seul »), sans oublier de lâcher quelques tacles au passage (l'INAO n'ara pas été épargné pour l'échec de la hiérarchisation de Cahors en 2002, le refus d'expérimentation du VCI en Cahors...).

 

 

* : une chance en laquelle il croit d'autant plus que s'y trouvent ses « deux fils (Sébastien et Pierre), trempés à la Sigaud, même si croisés ! »

Marchés tendus et millésime 2014 prometteur

Après la petite récolte 2013 (-38 % par rapport à 2012), le vignoble de Cahors ne pouvait que se préparer à une baisse de ses sorties de chais. La campagne 2013-2014 l'aura confirmé, avec un volume total de 157 488 hectolitres en repli de 7 800 hl par rapport à la précédente période. « Ce n'est pas une contre-performance » juge Jérémy Arnaud (directeur marketing de l'UIVC), qui estime que cette diminution « visible est moins importante que l'invisible : le repositionnement de l'AOC. Quand les volumes s'envoleront vers les 200 000 hl, on pourra considérer si cela fait socle... » Dans l'immédiat, les stocks au 31 juillet sont de nouveau en baisse, à 223 787 hl (-23 %), soit le plus bas niveau des quinze dernières campagnes. Faisant état de « débats tendus avec le négoce » au sujet des stocks disponibles, Jean-Marie Sigaud a d'ailleurs demandé un audit de disponibilité des stocks au négoce lors de l'assemblée générale.

Le repli de la commercialisation aura sans conteste soutenu le cours du vrac, le prix moyen étant passé à 125 €/hl, soit un retour au niveau du début des années 2000 (contre 104 € /hl en 2012-2013 et 64 €/hl en 2006-2007). Rappelant que les prix ne sont pas fixés (mais peuvent être discutés) au sein de l'interprofession, Jean-Marie Sigaud est partisan d'un maintien des cours à 130 €/hl, estimant qu'« il n'est pas question qu'il y ait une baisse des prix sur un millésime qui s'annonce bien ».

A la demande de l'Organisme de Défense et de Gestion, le rendement de l'AOC Cahors a été passé de 50 à 60 hectolitres par hectare pour 2014. Maurin Bérenger estime que « les rendements devraient être atteints, heureusement ». Si la coulure de 2013 est un vieux souvenir, ce millésime 2014 n'aura pas été simple et restera dans les mémoires comme une campagne on ne peut plus longue : commencée précocement et tournant à la pluie, elle aura été marquée par la forte pression de mildiou, sans oublier problème des vignes touchées par la grêle.

2015 pour les vins de Cahors : objectif USA

Biennale ponctuant la vie promotionnelle de l'AOC depuis 2008, les Cahors Malbec Days vont être délocalisés pour la première fois. Les Etats-Unis accueilleront ce premier événement hors-les murs, ce marché de consommation prioritaire étant aussi visé que son potentiel mondial de résonance explique Jérémy Arnaud. Plaçant le curseur au maximum dans le cadre de son budget prévisionnel pour 2015, il fixe aux vins de Cahors l'objectif d'y doubler ses expéditions d'ici 2018, les faisant passer de 7 000 à 14 000 hl (tous conditionnements confondus), soit l'équivalent du marché canadien (qui est la première destination export des vins cadurciens). Ce fil conducteur se veut ambitieux, à la hauteur de la demande de subvention européenne déposé auprès de FranceAgriMer.

Trésorier de l'UIVC, Jacques Tranier (Vinovalie) tempère les ardeurs et demande un arbitrage en soulignant que ce budget « tendu à l'équilibre » était « basé sur des modèles optimistes, constate qu'il n'offre pas beaucoup de marges de sécurité (postulant sur un Malbec Lounge à l'équilibre qu'il n'a jamais atteint, des investissements conséquents des entreprises...) » Ce ne serait pas première prise de risque pour le vignoble rappelait le négociant Alain Janicot :« il faut rebondir, engager une dynamique et ne pas rester retranchés dans nos entreprises. Au lieu d'engager un directeur administratif et financier en 2006, l'interprofession a engagé un directeur marketing. » En pratique, « ça veut dire qu'à un moment on a vidé les caisses, et on ne regrette rien ! L'AOC était au fond du trou, il n'y avait rien à perdre » résume Jean-Marie Sigaud. Un moment clé qui a abouti sur la mise en avant du cépage historique de Cahors, le malbec (cliquer ici pour en savoir plus).

Les dossiers restés en souffrance : INAO, IVSO, VCI...

Jean-Marie Sigaud résume ainsi sa gestion des tensions politiques au sein du vignoble de Cahors : « chaque fois qu'il y a une crise, il vaut mieux se mettre tous autour d'une table et s'engueuler un bon coup pour faire avancer l'AOC ». S'il ne souhaitait pas pleurer sur le passé et se tourner sur l'avenir, l'ancien co-président de l'UIVC** ne pouvait pas faire l'impasse sur la crise de 2002 lors de ce bilan de 27 années interprofessionnelles. La catastrophe du 17 décembre 2002 (la présentation du projet de révision de l'aire d'appellation dans le cadre de la hiérarchisation de Cahors) reste une plaie ouverte pour le vignoble, et un regret pour Jean-Marie Sigaud qui y voit maintenant l'affrontement de « la dignité contre la jalousie ». « Ce n'était pas un vote de révision de l'aire, mais de faisabilité... » se souvient-il, tenant toujours « griefs à l'INAO. on a été cobayes dans la hiérarchisation des AOC. » L'histoire de la hiérarchisation de Cahors reste d'actualité, un dossier étant de nouveau à l'étude.

L'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO) est également critiqué par Jean-Marie Sigaud pour sa gestion de l'expérimentation des Volumes Complémentaires Individuels en vin rouge. Il regrette plus particulièrement les « demandes d'aménagements rejetées de manière répétée pour un petit vignoble de 4 000 hectares », n'ayant toujours pas digéré les « 20 à 30 000 hl de vins du millésime 2011 déclassés en vins de table ». L'ODG attend désormais les résultats de l'expérimentation sur les vins rouges de Bordeaux pour demander l'ouverture d'un VCI à Cahors

Vignoble longtemps autonomiste dans le bassin viticole du Sud Ouest, Cahors a rejoint à titre expérimentale l'Interprofession des Vins du Sud-Ouest en 2012, en signant une convention triennale.

https://www.vitisphere.com/index.php?mode=breve&id_breve=61018

« Le dossier le plus dur que j'ai jamais eu » confie Jean-Marie Sigaud. Devenu favorable à la convention sur le tard, il souligne cependant le besoin de préciser les contre-parties pour Cahors

et laisse « aux futures générations le soin de choisir l'intégration ou non au Sud-Ouest ». Il concède cependant se retrouver dans le proverbe « on est mieux dans un petit chez soi que dans un grand chez eux »...

 

 

** : pour le collège de la production, celui du négoce étant Bertrand-Gabriel Vigouroux.

 

 

[Photos : Aperçus de l'Assemblée Générale du 23 septembre (Alexandre Abellan)]

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