a 153ème vente de charité des Hospices de Beaune a proposé cette année 443 pièces représentant 30 cuvées de vin rouge et 13 de vin blanc. Avec la Pièce des Présidents et les alcools, l’ensemble de la vente totalise 6 305 002 d’euros, le prix record pour la vente du Domaine des Hospices de Beaune, alors même que le précédent record avait été battu en 2012 avec 5 909 276 €. Le prix moyen des pièces a doublé en sept ans, du fait de la hausse de la demande, puisque la vente est ouverte aux particuliers depuis 2008 et que la présence d'acheteurs étrangers, et notamment asiatiques, se fait toujours plus pressante. La hausse des prix s'est accentuée sur les millésimes 2012 et 2013 du fait de faibles quantités disponibles.
Petites quantités disponibles, prix nettement orientés à la hausse du fait d'une demande étrangère en progression : les tendances de la vente des Hospices de Beaune seront-elles celles de la campagne 2013-2014 en Bourgogne ?
Une vente record aux HospicesPar rapport aux 512 lots de l'an dernier, la vente 2013 des Hospices de Beaune est en baisse est de 14,5 % (et de 42 % par rapport à la vente de 2011 (761 pièces) puisque 2012 représentait déjà un record bas en terme de production). Les 333 pièces de vins rouges et les 110 pièces de blancs mis en vente ont totalisé 6 168 122 euros (frais inclus)* avec des prix en hausse de 20 % pour les vins blancs et de 28 % pour les vins rouges. Le prix moyen d'une pièce a progressé de 26,6 % à 13 013 € et s'est établi à 63 166 € en moyenne pour chacune des pièces des deux cuvées de Clos de la Roche
Michael Ganne, directeur du département vins chez Christie’s à Paris a constaté : « Malgré la plus modeste récolte depuis 30 ans, les enchérisseurs de Christie's de plus de 21 pays se sont affrontés avec vigueur sur ces 43 cuvées pour établir cette réussite historique ».
Depuis 2005, Christie’s organise la vente et met en avant les vins des Hospices de Beaune à travers le monde, et notamment en Asie, depuis 2010.
La Pièce des Présidents, un tonneau de 456 litres, contenant le Premier Cru Meursault-Genevrières, Cuvée Philippe le Bon, a d'ailleurs été acquis pour le compte de l’amatrice et femme d’affaires chinoise, Yan Hong Cao, pour la somme de 131 000 €.
Les tendances de la vente des Hospices de Beaune seront-elles celles de la campagne 2013-2014 en Bourgogne ?
« Oui », répond Paul Aegerter , directeur de la maison Jean-Luc et Paul Aegerter au micro des Echos, « La Vente des Hospices donne le ton du business de l'année à venir. Il faut savoir qu'en trois ans on a vu une perte en quantité équivalente à une vendange et que, ces quatre derniers années on a vu une hausse des prix très forte du fait, notamment des marchés émergents et de l'ouverture de la vente aux particuliers. Nous achetons régulièrement beaucoup de pièces mais, vu les augmentations de prix, nos clients qui sont intéressés d'acheter en partenariat avec nous achètent moins. On était très marché français, restaurants et cavistes, depuis cinq ans la part à l'export atteint 25 % et devrait atteindre 40 dans les deux ou trois années à venir. Les marchés émergents type Asie et Brésil se développent très fort, mais les marchés historiques type Japon et surtout Etats-Unis restent leaders en demande. De fait, la Vente des Hospices est un bon curseur du marché des vins de Bourgogne à travers le monde. »
Une demande soutenue sur le marché domestique, tous canaux confondusLa faible vendange 2012 n'avait pas entamé le dynamisme commercial des vins de Bourgogne.
Lors d'un point sur la campagne 2012-2013 début octobre (dont nous avions retracé les grandes lignes ici), le BIVB avait indiqué que le déficit de production de la vendange 2012 de vins AOC en Bourgogne (-16 % par rapport à 2011 à 1,26 millions d’hectolitres, Mhl) s'était exclusivement reporté sur les échanges entre la viticulture et le négoce (-16 % de vrac sur la campagne 2012-2013) et que les metteurs en marché avaient puisé dans leurs stocks pour satisfaire une demande maintenue (les stocks à la propriété auraient diminué de 10 à 15 % à la fin août 2013), les sorties à la propriété s'élevant à 1,43 Mhl, en recul de 5 % seulement par rapport à la moyenne quinquennale.
Sur la campagne 2012-2013, la Bourgogne avait donc su puiser dans ses stocks et maintenir, voire faire progresser ses parts de marché. En France, le BIVB note la vente de 20 millions de cols sur le réseau traditionnel, dopée notamment par la reprise de la consommation à domicile qui permet au circuit caviste de renouer avec « une activité satisfaisante » (source Kantar). Le BIVB se réjouit de plus que « la Bourgogne soit le vignoble le mieux valorisé en Grande Distribution », avec un chiffre d'affaires hors Crémants de 204,4 millions d'euros pour 30,7 millions de bouteilles sur le premier semestre (respectivement +5,3 et +4,1 %).
Les Crémants de Bourgogne enregistrent quant à eux une contre-performance faute de volumes disponibles (la baisse des sorties de propriété est concentrée sur ce produit) en Grande Distribution où leurs ventes en volume reculent de 5 % dans un contexte de repli global du marché des effervescents (-1,6 %). « Cette baisse est bien due à une baisse de l'offre disponible et non de la demande ! » précise Michel Baldassini, le président du BIVB.
Des marchés exports menés à la hausse par la demande américaineA l'export, la tendance est encore plus nettement à la croissance. Les deux marchés de l’Amérique du Nord (États-Unis et Canada) respectivement de 13 et 4 % en volume et de 10% et 1 % en valeur.
Sur les marché asiatiques, l'enthousiasme est plus mesuré : les ventes au Japon, troisième marché export des vins de Bourgogne en valeur, sont confronté à la baisse de 25 % de la valeur du yen par rapport à l'euro. En Chine et sur le marché hong-kongais, la croissance des ventes devrait ralentir alors que la situation économique de ces marchés devient moins florissante et que « les nouvelles directives du gouvernement chinois, pour réduire les signes ostentatoires de richesse et la corruption, freinent la pratique des cadeaux d'affaires. Cela semble moins toucher la Bourgogne que d’autres vignobles français », constate le BIVB.
Michel Baldassini relativise cependant ce constat « on avait déjà connu ce fléchissement des ventes du à la parité monétaire sur le Japon. La Chine est entravée en ce moment, mais ce marché représente encore un faible débouché sans incidence globale pour le moment. La demande est surtout soutenue par les Etats-Unis et... la France, où la Bourgogne est le seul vignoble en progression en Grande Distribution en 2013. »
Sur les marchés des 27 pays de l'Union Européenne, la Bourgogne doit notamment compenser le recul des ventes sur le marché anglais, son deuxième marché en valeur (-1 % en volume et -4 % en valeur). La progression de son cinquième marché export en valeur, la Belgique (+ 14 % et + 21 %), notamment, contribue à cette compensation. Les ventes sur le marché de l'Europe à 27 affichent un croissance globale de 7,5 % en volume et 3,1 % en valeur sur les 7 premiers mois 2013.
Michel Baldassini « après des hausses des cours de 20 à 30 %, nous sommes très attentifs aux réactions des marchés »La probable hausse des cours à venir laisse en effet planer la menace d'un décrochage des marchés. Vice-président du BIVB, Michel Baldassini estimait cet été que « compte tenu des faibles stocks, il est difficile de savoir quels vont être les effets de cette conjoncture. Le danger est de perdre à terme des parts de marché. L'enjeu va être de les reconquérir ensuite, ce qui n'est jamais une mince affaire... » Au-delà des enjeux commerciaux, la pérennité d'entreprises viticoles est également posée. Le BIVB souligne cependant que tous « ces bons chiffres ne traduisent toutefois pas les disparités qui subsistent dans le vignoble. Certaines entreprises connaissent des problèmes de rentabilité que la filière tente de résoudre. »
Il estime aujourd'hui que ces disparités sont en train de se creuser à cause des faibles volumes disponibles.
« Nous attendons une vendange comprise entre 1,2 et 1,25 Mhl pour 2013, contre une moyenne entre 1,5 Mhl et 1,6 Mhl et après une vendange 2012 déjà historiquement faible. Après avoir puisé dans ses stocks en 2012-2013, la Bourgogne avait des stocks historiquement bas à la veille de la récolte et, dans les zones sinistrées par la tempête et la grêle, les achats de vendange sont insignifiants, compte-tenu du peu de quantités disponibles de toutes façons. Dans ce contexte, nous attendons une nouvelle flambée des cours et d'ores et déjà, l'inquiétude est au rendez-vous. Cette flambée est le signe d'un marché en demande, mais c'est un jeu à risque et nous le savons. Qualitativement, on ne s'en sort pas mal, contrairement à ce qu'on a pu penser malgré un printemps catastrophique et les vendanges les plus tardives que l'on ait connues depuis 1988.
A l'export comme sur le marché domestique, la demande devrait rester soutenue.
Dans ce contexte, nous attendons donc la réaction des marchés suite à une hausse des cours en vrac dans les régionales entre 20 et 30 % de hausse. Après la hausse des prix qui a eu lieu l'an dernier, les professionnels ne pourront répercuter qu'une partie de cette hausse sur les prix des bouteilles, on attend en effet une hausse des prix limitée à 10 à 15 % pour l'ensemble des opérateurs. Ces augmentations des prix ne compensent pas partout les reculs des volumes et au niveau de certaines exploitations, deux petites récoltes consécutives ont des conséquences dramatiques. »