menu burger
Lire la vigne en epaper Magazine
Accueil / Gens du vin / Gérard Vinet : « une page a été définitivement tournée pour les vins de Loire »
Gérard Vinet : « une page a été définitivement tournée pour les vins de Loire »
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin

Gérard Vinet : « une page a été définitivement tournée pour les vins de Loire »

Par Alexandre Abellan Le 20 septembre 2013
article payant Article réservé aux abonnés Je m'abonne
Lire plus tard
Partage tweeter facebook linkedin
Gérard Vinet : « une page a été définitivement tournée pour les vins de Loire »
N

é à 500 mètres de la cave de son domaine, Gérard Vinet a le métier de vigneron dans le sang. Ayant repris la propriété familiale avec son frère Daniel dans le Muscadet, il la gère maintenant avec sa femme Laurence. « J'ai toujours été vigneron, et je n'ai jamais voulu faire que ça ! » nous a-t-il confié, espiègle. Président depuis le début de l'été de l'interprofession des vins de Loire (InterLoire), il donne au vignoble ligérien un visage apaisé, laissant résolument derrière lui les tensions passées. Nous présentant la nouvelle identité institutionnelle des vins du val de Loire (et notamment son processus de mise en place), il estime que certaines appellations ayant quitté Inter Loire pourraient y revenir, maintenant que la diversité des appellations est au coeur de la communication ligérienne...

Ce qui est certain en vallée de la Loire, c'est que les vendanges seront tardives (« pour le 24 septembre en Muscadet »). Et elles devraient également être d'un niveau « normal » en quantité. Ce qui répondrait aux attentes des opérateurs, alors que le « marché est sain, voire tendu ». Mais c'est le drame viticole du vignoble de Vouvray, touché par la grêle en juin, qui aura marqué l'été 2013. La question de la sécurisation de la production n'en est que plus vive en Loire. Face aux aléas climatiques, Gérard Vinet n'écarte pas les solutions assurantielles, mais juge que « le Volume Complémentaire Individuel est une bonne mesure pour réguler les stocks de vins en amont ». Cette année, plusieurs appellations ligériennes de blanc vont demander l'ouverture d'un VCI, et le cabernet d'Anjou bénéficie d'un essai à titre expérimental.

Pour cette rentrée, Inter Loire fait peau neuve avec une identité visuelle flambant neuve...

Gérard Vinet : début septembre il y a avait en effet le lancement de nos nouveaux outils de communication du Val de Loire, pour le marché français. Outre un visuel peu commun dans le monde du vin, la façon dont cela a été fait me plaît. Cela fait trois ans que nous sommes nombreux à dire que notre belle interprofession doit être au service des opérateurs. La précédente mandature y croyait. Depuis quasiment deux ans, Inter Loire a orchestré un grand travail de concertation, réunissant toutes les appellations pour que chacune dise comment elle voyait son positionnement.

J'ai participé à la réflexion en Muscadet, c'étaient des moments d'échanges intéressants entre les vignerons et les metteurs en marché. Le travail de synthèse a permis de déterminer les points communs à toutes les appellations, ce document a été transmis à l'agence parisienne les Gros Mots qui a composé cette campagne en décalé par rapport à la communication traditionnelles sur le vin. On parle souvent des paysages, des châteaux... Là on joue avec les phrases pour définir nos appellations, de manière cohérente et avec une signature commune.

Si la Loire a la force d'une production qualitative (à 90 % en AOC), sa difficulté est de présenter une cinquantaine d'appellations. Une diversité peu lisible par le consommateur, notamment étranger (20 % des AOC de Loire sont exportées).

Chacun jugera de la force et de la faiblesse d'avoir tant d'AOC... Mais ce n'est pas la mission d'InterLoire que de bouleverser la richesse d'une si grande région. Je souhaite que mon mandat fasse porter les efforts sur la commercialisation, notamment à l'export. Les vins de Loire y ont de vraies opportunités en terme de rapport qualité/prix. Notre idée est de mettre l'appellation au coeur du système. Ce n'est pas une stratégie validée par un institut de sondage ou des études de marché, c'est une volonté des élus de ne pas faire fi de 100 ans d'AOC dans la région.

Dernièrement, la production ne se retrouvait pas dans Inter Loire, qui se résumait à une communication autour des vins rouges, rosés et blancs. Et on ne peut faire de stratégie sans écouter 3 600 opérateurs (qui représentent 60 à 70 % du financement d'Inter Loire). Je crois que le message est désormais bien passé, auprès des metteurs en marchés comme des services de l'interprofession.

Avec cette nouvelle approche de la diversité ligérienne, espérez-vous le retour d'appellations ayant quitté l'interprofession ?

Je pense que nous avons fait un choix de nature à faire venir dans l'interprofession les gens qui en étaient sortis, ainsi que ceux qui ont toujours été en dehors. Actuellement Inter Loire mène un combat collectif, en gérant de grands dossiers oenotouristiques et en participant à la défense du vin dans notre société, ce qui fait deux arguments pour convaincre ceux qui ne nous ont pas rejoint. Une page a été définitivement tournée dans le val de Loire. Cette étape a été franchie grâce au travail initié par Jean-Martin Dutour, que je vais maintenant continuer.

Je ne vous dirai pas pour autant que tout va bien dans l'interprofession. Il nous reste encore du travail pour améliorer la cohésion de tous les opérateurs ligériens. J'ai passé beaucoup de temps cet été à les consulter dans toutes les régions. Il faut désormais gommer certaines faiblesses, en commençant par unir les forces syndicales de la production et des metteurs en marché et les mettre en cohérence avec les politiques régionales de l'interprofession.

Les services ministériels estiment que le val de Loire produirait 2,8 millions d'hectolitres en 2013 : une bonne nouvelle après des années d'érosion de la production ?

Sans s'arrêter sur ses chiffres, qui restent des prévisions, nous attendons une récolte normale dans l'ensemble du Val de Loire. Elle sera tardive. D'ailleurs les maladies du bois elles aussi ont commencé plus tard, mais on a beaucoup de ceps touchés ! Il faut faire une cause nationale de ce sujet. Il y a urgence pour trouver un palliatif...

Pour en revenir aux vendanges, nous avons souffert ces derniers millésimes d'un manque de volumes. Surtout après la petite production 2012, qui nous a conduit à taper dans nos stocks qui sont désormais bas. Le marché est maintenant assaini. Il est équilibré, pour ne pas dire tendu. Les fines bulles marchent bien par exemple. Mais pour moi, le meilleur développement n'est pas celui à deux chiffres. Je préfère qu'il soit plus réduit mais pérenne. Il ne s'agit pas de jouer au yo-yo ! Il faut sécuriser le prix comme la qualité des vins pour que tout le monde soit gagnant au final.

Dans le cadre d'une telle sécurisation, que pensez-vous de la contractualisation des vins et des assurances grêles ?

Je suis partisan d'accords entre les vignerons et les metteurs en marché. C'est nécessaire pour permettre la continuité sur les marchés. Comparons Chablis et le Muscadet. Le premier vignoble s'étend sur 4 500 hectares et contractualise 70 000 hl. Le vignoble du Muscadet est deux fois plus étendu, mais il y a bien moins de volumes contractualisés...

Je ne suis pas opposé à un système d'assurance contre les aléas climatiques. Cela dit cela ne permettra pas de conserver les clients d'un marché donné... Je suis favorable à une régulation des stocks depuis l'amont, afin d'éviter les à coups en terme de prix et de perte de consommateurs. Parmi ces mesures préventives, le Volume Complémentaire Individuel est une bonne mesure en ce sens. Il faut faire en sorte que le stock tampon reste chez le producteur en cas de récolte déficitaire. Il n'y a pas de souci pour conserver les vins et alimenter raisonnablement les marchés.

Le système pourrait être généralisé au niveau de la Loire, le vignoble étant sujet aux aléas climatiques, comme l'a rappelé l'orage de grêle en Vouvray. Des demandes ont été déposées à l'INAO pour l'inscription de certaines appellations : Muscadet, Vouvray tranquille, Ménétou, Reuilly, Quincy... Et à titre expérimental il y a des essais sur le cabernet d'Anjou. Mais il faudra rentrer des volumes pour étayer les demandes après la récolte ! C'est actuellement dans le domaine du possible.

Vous qui siégez au conseil vin de l'INAO, quelle a été votre réaction quand vous avez appris la fermeture du bureau régional de Nantes ?

En tant que président d'Inter Loire, je suis obligé à une certaine réserve... Ce que je peux dire, c'est que l'INAO défend les produits du terroir. Et pour y parvenir il me semble qu'il faille être proche de la zone de production. Sinon je crains une perte de crédibilité... J'ai toujours défendu les missions de proximité et il n'y a pas un pôle plus important qu'un autre entre Nantes, Angers, Tours et même Sancerre.

 

 

 

[Crédits photo : Inter Loire (sauf la carte des bureaux régionaux de l'INAO, par l'INAO)]

Vous n'êtes pas encore abonné ?

Accédez à l’intégralité des articles Vitisphere - La Vigne et suivez les actualités réglementaires et commerciales.
Profitez dès maintenant de notre offre : le premier mois pour seulement 1 € !

Je m'abonne pour 1€
Partage Twitter facebook linkedin
Soyez le premier à commenter
Le dépôt de commentaire est réservé aux titulaires d'un compte.
Rejoignez notre communauté en créant votre compte.
Vous avez un compte ? Connectez vous

Pas encore de commentaire à cet article.
vitijob.com, emploi vigne et vin
Gironde - CDD Château de La Rivière
Vaucluse - CDI PUISSANCE CAP
La lettre de la Filière
Chaque vendredi, recevez gratuitement l'essentiel de l'actualité de la planète vin.
Inscrivez-vous
Votre email professionnel est utilisé par Vitisphere et les sociétés de son groupe NGPA pour vous adresser ses newsletters et les communications de ses partenaires commerciaux. Vous pouvez vous opposer à cette communication pour nos partenaires en cliquant ici . Consultez notre politique de confidentialité pour en savoir plus sur la gestion de vos données et vos droits. Notre service client est à votre disposition par mail serviceclients@ngpa.fr.
Gens du vin
© Vitisphere 2025 -- Tout droit réservé