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Interview de Pau Roca, secrétaire général de la Fédération Espagnole du Vin : "face à la tempête financière, (...) le secteur vins constitue une valeur stable."
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Interview de Pau Roca, secrétaire général de la Fédération Espagnole du Vin : "face à la tempête financière, (...) le secteur vins constitue une valeur stable."

Par Vitisphere Le 22 mai 2009
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Interview de Pau Roca, secrétaire général de la Fédération Espagnole du Vin : "face à la tempête financière, (...)  le secteur vins constitue une valeur stable."
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img height="182" width="140" alt="" src="https://www.vitisphere.com/upload/images/Image/pau roca.JPG" /><b>Pau Roca Blasco est le Secrétaire général de la Fédération Espagnole du Vin, qui regroupe producteurs et négociants du secteur viticole en Espagne. Rompu à l'art des négociations interprofessionnelles et intra-communautaires, il nous expose les vues de l'Espagne, face à l'OCM et face à la crise qui touche le pays de plein fouet, et en particulier son secteur viticole. Propos recueillis par Hervé Lalau <b>

Quelles ont été les principales revendications de l'Espagne vis-à-vis de la nouvelle organisation du commerce du vin ?

 

Tout d’abord, il faut distinguer en Espagne, comme partout, les attentes des organisations de producteurs de celles des caves elles-mêmes. La différence est souvent la même qu’en France. Certaines organisations représentant les AOC ont adopté une position très conservatrice vers la fin du processus de négociation, on pourrait même la qualifier de « réactionnaire », car elle consistait la plupart du temps à s’opposer à tout ce à qui se proposait de nouveau. Au final, c’est l’axe production-négoce qui s’est imposé, cependant, soutenu par une administration plutôt favorable a l’évolution vers des positions sinon tout à fait libérales, en tout cas visant à l’élimination des mesures de soutien. Mais le budget historique alloué à l’Espagne était trop important, et aucun gouvernement ne saurait renoncer à cet argent. La solution, pour maintenir une enveloppe importante tout en secouant la filière pour la faire réagir au marché, c’était de transformer l’argent en aides directes - le découplage, en définitive. Mais c’était aller à l’encontre de la seule position commune dégagée par le secteur en France, dès le début.

L'Espagne a soutenu un temps l'interdiction de la chaptalisation. Cette mesure n'a pourtant pas été reprise dans le projet final. Pourquoi ?

 

La Commissaire européenne Mariann Fischer-Boël vient d’un pays où les intérêts des consommateurs sont très importants, c’est pourquoi elle estime que l’intégrité du produit vin est une de ses valeurs essentielles; mais pour éliminer la chaptalisation, elle aurait dû réduire considérablement les aides économiques. Face à la menace d’un budget réduit, l’Espagne aurait maintenu des positions fortes, voir intransigeantes, sur la chaptalisation, à laquelle ses producteurs n’ont guère besoin de recourir. Le nouveau compromis envisagé, à savoir le maintien de la chaptalisation, d’un côté, et le maintien d’une grosse enveloppe d’aides, de l’autre, a laissé la Commissaire presque seule dans la défense de sa proposition. En général, la fonction de Commissaire européen n’est pas très bien perçue dans notre pays ; les Espagnols se rappellent encore avec amusement de Franz Fischler mâchant une olive ; par contre, Mme Fischer-Boël, cette brave dame aux cheveux blancs, a défendu l’interdiction de la chaptalisation, et elle garde une image très sympathique dans la mémoire collective de notre secteur. En tout cas, la chaptalisation reste interdite dans la plupart des pays producteurs, et la seule possibilité de réviser cette question au niveau communautaire passerait par l’intérêt du consommateur. Si le consommateur ne demande pas un produit entièrement viticole, il est inutile de s’interroger sur le futur de cette mesure.

La crise financière économique mondiale touche de plein fouet la filière vin espagnole... plusieurs grosses entreprises ont annulé leur participation à Vinexpo. Le problème est-il général, ou touche-t-il plutôt les grandes entreprises d'exportation ?

 

La crise en Espagne est beaucoup plus sévère que dans d’autres pays, il suffit de voir les paramètres macro-économiques ; pendant des mois, notre gouvernement a feint d’ignorer l’hécatombe qui approchait, mais elle est là, maintenant. En outre, il y a des problèmes plus spécifiques à la filière vins. La chute de la consommation, tout d’abord: on est aujourd’hui à 18 litres per capita, un chiffre qu’on a honte de publier – d’autant que ce chiffre ne tient pas compte des millions de touristes qui séjournent et consomment chez nous. Cette catastrophe-là n’est pas due à la crise. Mais le ralentissement des ventes sur les marchés extérieurs, lui, est lié à la crise. Dès premiers mois de 2009, on a observé un phénomène de substitution de certaines catégories de vins par d’autres. Le très haut de gamme continue à vendre, les entrées de gamme ont augmenté leurs ventes, mais le milieu de gamme, ce que nous appelions les premiums, souffre. En plus, nous pâtissons du mauvais fonctionnement du secteur financier, en Russie principalement, ce qui freine nos exportations de vrac. Et pour couronner le tout, il y a les sacrifices consentis dans le cadre de la réforme de l’OCM. Nous savions que la nouvelle OCM serait comme une piqure pour guérir, mais cette adaptation arrive dans le pire des moments. De toute façon, si nous résistons, nous serons partis pour une vraie reconquête des marchés.

On dit que la crise immobilière pèse sur le développement des bodegas. Que pour profiter des avantages fiscaux, beaucoup de promoteurs immobiliers espagnols ont investi dans des bodegas il y 2/3 ans, et que fortement touchés par la crise immobilière, ils ne peuvent plus investir dans leurs bodegas?

 

Voila un des effets que nous voyons de la crise, bien que je ne croie pas que ce soit une question centrale. Plusieurs grands entrepreneurs venus d’autres secteurs ont investi dans le vin, ils y voyaient comme une espèce d’anoblissement. Tout le monde voulait devenir Marqués de Griñon. Le problème, c’est que la plupart de ces entrepreneurs raisonnent plutôt à court terme, ils ont gagné de l’argent facile en 10 à 20 ans de temps dans d’autres secteurs, ils ne comprennent pas que la dynamique du vin est beaucoup plus lente et que les cycles y sont très longs. Par ailleurs, pas mal de grandes sociétés immobilières ont placé de l’argent dans le vin, mais elles ont une vue à plus long terme et ne sont guère inquiètes ; face à la tempête financière, justement à cause de la longueur de ses cycles, le secteur vins constitue une valeur stable. Comme toute crise, celle que nous vivons aura aussi des effets de sélection naturelle. C’est comme au jardin, il est bon de tailler de temps à autre.

L'Espagne est-elle prête à renégocier l'accord initial sur l'autorisation des rosés de coupage pour les vins sans indication géographique ?

 

Je peux me tromper, mais je doute que cette question dépasse le temps des élections au Parlement européen. Après le 7 juin, cette question tombera dans l’oubli, parce qu’elle n’a aucun soutien logique. En tout cas, je maintiens que ce que certains collectifs essayent d’obtenir au travers de la prolongation de cette interdiction, c’est la conservation de leurs privilèges.

Est-ce que la réglementation européenne sur l'élaboration du rosé est un enjeu économique pour les vins d'Espagne?

 

Plus vraiment. En Espagne, la mezcla, très répandue dans le passé, consistait à assembler des vins blancs et rouges, mais pour en faire des rouges, pas des rosés. Le marché du rosé est petit, chez nous ; en outre, c’est surtout, un marché de vins à Indication Géographique. En Espagne, ces IG ont des règles d’élaboration plus ou moins strictes, mais ils n’entrent pas dans le cadre de la question actuelle qui est posée par le projet de Bruxelles ; le problème de l’interdiction ou de l’autorisation du mélange de vins de différentes couleurs n’a aucune pertinence, pour eux..

Le Roi d'Espagne a réaffirmé voici peu que le vin était partie intégrante de la culture espagnole, comme le proclame la Loi sur le Vin. Etes-vous inquiets des projets de votre ministre de la santé en la matière ?

 

On reste toujours inquiets et vigilants sur les propos des ministres de la Santé, tant que l’OMS et les institutions européennes ne reconnaitront officiellement pas les effets bénéfiques du vin, et tant que les problèmes liés à l’alcoolisation continueront à augmenter. Nous voyons avec beaucoup de préoccupation les énormes problèmes sociaux causés par l’alcool, de toute nature ; problèmes d’ordre public, de santé, d’alcool au volant, d’hooliganisme associé aux sports, de «binge drinking» etc. Ce sont des phénomènes terribles, même à l’intérieur des familles – je pense notamment à la violence conjugale. La consommation déraisonnable de l’alcool est un vrai fléau de nos sociétés. Mais dans le même temps, je constate que notre consommation de vins a fortement diminué: elle est passée de plus de 70 a 18 l/ per personne en 30 ans, pour être précis. Première conclusion, évidente: on ne peut donc imputer au vin la recrudescence des problèmes d’alcoolisation; mais j’irai même plus loin : le retour à des modes de consommation raisonnable où le vin tient une place plus centrale pourrait contribuer à résoudre ce problème de l’alcool dans la société. Même si cela semble de la provocation, j’ai envie de dire aux ministres de la Santé: favorisez la consommation du vin pour faire face au problème de l’alcool. Louis Pasteur n’a-t-il pas guéri des malades en leur inoculant des agents d’infection? Je pense que la culture du vin, son rituel, l’éducation à boire et à connaître le vin au sein même des familles est un vaccin qui peut guérir notre société des effets terribles de l’alcool. Propos recueillis par Hervé Lalau

 

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