n croyait l'affaire pliée. Rien n’est moins sûr. A trois jours du début de la discussion au Sénat de la loi de santé publique de Marie Sol Touraine, les opposants à toute modification de la loi Evin montent au créneau. A commencer par la ministre de la santé elle-même.
Le journal Le Monde a publié le 11 septembre un article intitulé « Les chiffres chocs du coût social de l'alcool et du tabac ». Le quotidien y révèle le résultat d’une étude commandée par le ministère de la santé et réalisé par l’économiste Pierre Kopp. Il affirme que l’alcool coûte 120 milliards d’euros par an à la société française, autant que le tabac. De quoi refroidir les velléités d’assouplissement de la loi Evin.
La veille, deux sénateurs étaient déjà montés au créneau. Le 10 septembre, ils ont déposé deux amendements visant à renforcer la loi Evin. Laurence Cohen vice-présidente de la commission des affaires sociales (groupe communiste), demande l’interdiction de tout affichage en faveur de boissons alcoolisées à moins de 200 mètres d’un établissement scolaire « pour lutter contre la consommation excessive des jeunes ». Elle est soutenue par deux autres sénateurs de son groupe.
De son côté, Jacques Cornano (socialiste) veut que les affiches pour les boissons alcoolisées ne puissent pas dépasser la moitié de la surface des autres panneaux publicitaires autorisés.
Ces deux initiatives font suite à celle menée par cinq sénateurs des régions viticoles, soutenus par une trentaine de leurs pairs. Ces élus veulent obtenir le retour de l’assouplissement de la loi Evin accepté par le gouvernement en juin dernier mais retoqué par le Conseil d’Etat.
Le 9 septembre, ils ont tous déposé le même amendement. Leur texte indique que les images et articles relatifs à une région de production, à une indication géographique, au savoir-faire ou au patrimoine liés à un vin AOC ou IGP ne sont pas de la publicité. Ils ont repris mot pour mot l’article que le gouvernement avait fait passer dans la loi Macron, définitivement adoptée début juillet mais que le Conseil d’Etat a supprimé un mois plus tard estimant qu’il n’avait rien à faire dans une loi sur l’économie.
La filière viticole s’attendait à cette initiative des sénateurs. Elle s’attendait surtout à qu’elle passe comme une lettre à la poste. .Mais à nouveau, la bataille s’annonce rude. Marie-Sol Touraine, qui n’a jamais caché son hostilité à tout assouplissement de la loi Evin, ne semble pas se résigner.
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