n 2014, le Brésil a importé 770 000 hectolitres de vins, en hausse de 41 % par rapport à 2008 d’après les derniers chiffres de l’União Brasileira de Vitivinicultura (UVIBRA). Son premier pays fournisseur reste le Chili, avec 50 % des volumes (contre 34 % en 2008), bien loin devant les 19 % de l’Argentine (contre 27 % en 2008), les 12 % de l’Italie (18 % en 2008), les 11 % du Portugal (stable) ou les 5 % de la France (stable). Cette domination des vins chiliens sur le marché brésilien est non seulement due à leur proximité géographique, mais aussi à des accords de libre-échange faisant sauter des droits d’importation particulièrement élevés (27 % pour les vins tranquilles). Un avantage compétitif en vigueur depuis 2010, tandis que les vins argentins en bénéficiaient depuis plus longtemps (Argentine et Brésil ayant fondé en 1991 le Mercosur).
Pour expliquer le repli des ventes de vins argentins sur le marché brésilien, l’Observatorio Vitivinícola Argentino (OVA). met en avant sa perte de compétitivité sur le marché mondial (dévaluation du peso argentin, hausse des coûts de production…). Les vins chiliens sont principalement positionnés sur les vins d’entrée de gamme (prix moyen de 29 $ la caisse de 9 litres, soit 26 €), au contraire des vins argentins concentrés sur le malbec et le moyen de gamme (36 $ la caisse de 9 litres, soit 32 €). Marché limitrophe en perte de vitesse, il est stratégiquement prioritaire pour l’Argentine, même si l’OVA concède que « la conjoncture brésilienne n’apparaît pas forcément favorable ».
Un temps classé parmi les marchés export les plus prometteurs*, le Brésil n’a plus l’éclat d’antan. Sa conjoncture économique semble d’autant plus précaire que les manifestations anti-gouvernementales prennent de l’ampleur. Mais, malgré une monnaie toujours plus dévaluée, son marché des vins pourrait encore tenir ses promesses. C’est du moins ce que pronostique l’UVIBRA, qui annonce pour 2016 une hausse de la consommation brésilienne de vins à 2,6 litres par habitant. Si cela représente une hausse de 37 % par rapport au 1,9 litre consommé en 2014, cette consommation reste bien loin des 60 litres/an.hab de bières et 20 l/an.hab de cachaça (eau-de-vie pour cocktails, notamment la caipiriña).
* : Etant mis à la tête des BRICS, soit l’acronyme des pays en développement suivants : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.
[Photo : Christ Rédempteur de Sao Paulo ; Wine Intelligence]