Newsletters
Magazine
Article réservé aux abonnés 
lors que les premières chaleurs s'installent sur l'Europe occidentale, coup de tonnerre : une pénurie de prosecco est annoncée pour cet été ! L'alerte est parue fin mai dans The Drinks Business et a fait traînée de poudre. L'information a été reprise dans tous les medias... Jusque dans Direct Matin ! C'est dire la popularité de ce mousseux italien, symbole de bulles légères et pas chères. Le cocktail Spritz, à base de prosecco, eau de Selz et Apérol, n'a fait que renforcer son succès.
Né dans les années soixante, le prosecco a véritablement pris son envol il y a une vingtaine d’années. En cinq ans, les ventes ont doublé pour dépasser, en nombre de bouteilles, celles des champagnes en 2014, avec 306 millions de prosecco DOC (AOC) plus 79 millions de DOCG (Valdobbiadene Conegliano Prosecco Superiore aux règles plus strictes). Les marchés britannique, américain et allemand tirent clairement l’export.
Certains producteurs ont négligé leur stock, entraînés par leur propre jeu d’élaboration éclair grâce à la méthode Charmat. Le hic : l’emballement des marchés s’est doublé d’une vendange 2014 catastrophique, spécialement dans la plaine où les vignes sont poussées à leur maximum (18 tonnes autorisées à l’hectare). Un jeu très dangereux.
Jusqu'à 50 % de récolte en moins selon certains, seulement 9 % selon le Consorzio di Tutela Prosecco DOC. Celui-ci souhaite calmer les esprits, mettant en cause le manque de visibilité de certaines compagnies concernant leurs stocks.
La DOCG tiendra plus longtemps
Valdo, entreprise qui produit 15 millions de bouteilles, moitié DOC moitié DOCG, reconnaît n'avoir de stock que jusqu'à octobre 2015 pour les DOC. "Nous avons commencé à restreindre les ventes et attribué des allocations aux clients constructifs, qui jouent le jeu et nous permettent de payer correctement toute la chaîne, confie le directeur général Massimo Poloni. Le dumping est un fléau et nous entraîne droit dans le mur."
Pour la DOCG, pas vraiment d'emballement. Les vins sont plus chers, entre 6 et 15 € prix consommateur, le travail de la vigne en « viticultura eroica » et les conditions de récolte étant loin de celles des DOC. "Nous avons notre équilibre", rassure Giancarlo Vettorello, directeur du Consorzio di Tutela Prosecco Superiore. Valdo estime pouvoir tenir jusqu’à fin 2015 pour ses DOCG. Fragile tout de même. Les producteurs du nord de l’Italie n'ont plus qu'à prier pour que la vendange 2015 soit belle.
[Illustration : Conegliano Valdobbiadane Prosecco Superiore]
