ommencée timidement il y a un bon mois, la campagne des primeurs 2014 de Bordeaux s'achève aujourd'hui, mollement. Globalement, la tendance est à une légère hausse des prix, de 5 à 10 %. La majorité des propriétés a ainsi adopté une stratégie de synthèse, répondant à la fois aux demandes pressantes de mise en adéquation des prix avec le marché, tout en marquant la qualité supérieure du millésime 2014 par rapport au mal-aimé 2013. Après une première tranche très convoitée (à 288 €/col), le château Lafite Rothschild vient ainsi de caler sa deuxième tranche sur cette tendance, à 345 € (+4,5 % par rapport à 2013).
Se voulant raisonnable, ce consensus n'empêche pas des décisions plus téméraires, comme le château Cheval Blanc qui vient d'annoncer un prix de 420 € (+20 %). Encore diffus, les premiers retours de la place de Bordeaux sur cette campagne sont loin d'être euphoriques. Si le Royaume-Uni aurait bien répondu présent, la déception prévaut pour les commandes venant des Etats-Unis. L'opportunité d'un taux de change favorable entre l'euro et le dollar prend des airs de rendez-vous manqué. Certains y voient déjà le premier symptôme de l'absence du critique Robert Parker.
Vu par beaucoup comme une campagne charnière pour le système des primeurs, le millésime 2014 devra encore faire ses preuves avec les prix livrables. « Bordeaux a vraisemblablement tiré sur la corde, avec des prix hors marché. Dans de nombreux cas, les vins achetés en primeurs n'ont pas vu leur prix s'apprécier à la livraison. Parfois, ils se sont même dépréciés. Il y a une dizaine d'années une centaine de marques pouvaient être appréciées avec un achat en primeur. Aujourd'hui, il n'y a qu'une quinzaine de châteaux qui le justifient » estime ainsi Stéphanie de Boüard-Rivoal, la directrice générale adjointe du château Angélus (sorti à 210 euros, au niveau du 2012).
[Photo : Château Lafite Rothschild]