a Grande Bourgogne se dirige vers un nouveau procès de viticulteur bio pour refus de traitement insecticide contre la flavescence dorée. Mais cette fois, l’affaire concerne un vigneron bourguignon, dont le domaine viticole est situé en Saône-et-Loire, en appellation Moulin à Vent.
Thibault Liger-Belair a reçu, il y a quelques semaines, une notification de convocation au tribunal correctionnel de Villefranche-sur-Saône (Rhône), le 19 mai prochain. Il lui est reproché la non-application, en 2013, de l’arrêté préfectoral imposant à l’ensemble du département trois traitements insecticides contre la cicadelle de la flavescence dorée. Le viticulteur bio avait, cette année-là, subi un contrôle de la part des services de la SRAL de Saône-et-Loire, qui avaient pu constater les faits.
Cette histoire remonte donc exactement à la même période que celle de « l’affaire Emmanuel Giboulot », et pour les mêmes motifs. Comme celui-ci, Thibault Liger-Belair a pris le parti, en 2013, de ne pas effectuer les traitements obligatoires. « L’arrêté a été pris à la va-vite, sous la peur, suite à la détection d’un foyer important à Plottes, soit à une quarantaine de kilomètres au nord de mon exploitation, précise le vigneron…Sans se soucier ni du cépage*, ni des dommages collatéraux sur les autres insectes d’un tel traitement ». « Je ne suis pas contre le traitement insecticide, tient à ajouter Thibault Liger-Belair…Si demain j’ai un problème de flavescence, je n’hésiterai pas à en faire un ! Ce contre quoi je suis, c’est le traitement arbitraire, la solution radicale, sans prendre au préalable de mesures de prospections détaillées ni de zonages ».
Une petite différence tout de même avec la première affaire : le domaine de Thibault Liger-Belair a la particularité d’être situé à cheval sur deux départements, la Saône-et-Loire et le Rhône. Entre les deux, une route de 5 mètres de large pour les séparer, qui fait donc office de frontière administrative. Or dans le département du Rhône, aucun traitement insecticide n’est imposé à l’époque... De quoi donner au viticulteur bio une raison supplémentaire de ne pas traiter, reprochant à l’administration son « manque de logique et de discernement agronomique ».
Depuis que l’annonce de son procès a été rendue publique – pas plus tard qu’hier - le vigneron ne cesse d’être contacté par les médias et sollicité par de nombreuses associations écologiques. Surpris par l’intérêt que suscite son cas et face à la médiatisation croissante de son histoire, celui-ci assure « ne pas en avoir la maîtrise et ne pas l’avoir cherchée ». « Mais maintenant qu’elle arrive, je vais essayer de m’en servir pour faire passer un message constructif, explique celui-ci. Je ne veux pas en faire un combat politique ; je ne cherche pas à me battre, mais simplement expliquer pourquoi je n’ai pas traité…Et si je peux faire avancer les choses concernant cette décision incohérente, ce sera un pas en avant !».
Pour organiser sa défense, le viticulteur a pris un avocat. « Sur le papier », il encourt une amende de 30.000 € et 6 mois de prison, mais il se dit « serein » pour la suite et concernant la décision prise.
(*Dans le secteur contaminé de Plottes, le cépage chardonnay était concerné, connu pour sa sensibilité à la maladie. Les vignes du domaine sont plantées en Gamay.)
[Crédit photo: copie écran film Youtube, G Bodin]