nquiète face à l'issue d'amendements parlementaires à la loi de Santé Publique, la filière vin vient de donner à ses 500 000 acteurs les moyens d'alerter leurs députés. Sobrement baptisé Filière Vin, un site permet à chacun d'adresser automatiquement une interpellation à ses députés, pour leur demander d'être présents en séances, afin de défendre la consommation responsable de vin et ne pas la contraindre d'avantage. Outil du lobbying anglo-saxon, l'interpellation citoyenne des élus est nécessaire pour « montrer qu'au-delà des entités professionnelles, il y a des individus qui travaillent tous les jours et génèrent de la valeur et pas seulement en termes d'argent » estime Cécile Dulimbert, la présidente de l'Union Régionale des Œnologues de Bordeaux-Sud Ouest. Ayant interpellé ses députés*, elle partage les craintes de probables amendements durcissant la loi Evin (notamment restriction de la communication sur internet), et se sent déjà légitimement inquiète par la modification du message sanitaire obligatoire adopté par la commission des affaires sociales (« l'abus d'alcool est dangereux pour la santé » pourrait désormais être remplacé à la discrétion du Ministère de la Santé).
Rassurée par le soutien du président de la République et du premier ministre au Salon de l'Agriculture, la filière est particulièrement remontée cette fin mars. « Prétextant le statu quo, la ministre de la santé, Marisol Touraine, a eu le toupet de demander à la commission de rejeter l'amendement du député Denys Robiliard, visant à clarifier la loi Evin. Mais, quand un amendement donne au ministère la liberté de choisir le texte sanitaire , j'appelle ça un durcissement de la loi Evin ! » tonne Bernard Farges, le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux de vie AOC (CNAOC).
* : Le mail type est destiné aux vignerons, mais peut être personnalisé pour les négociants, courtiers, fournisseurs, prestataires...
[Illustration : Hémicycle de l'Assemblée Nationale, Assemblée Nationale]