Nous voulons réagir avant de toucher le fond et atteindre les niveaux de prix très faibles (700 euros/tonneau) que nous avons connus ces dernières années» martèle Thomas Solans, président des Jeunes agriculteurs de Gironde. Ce dernier décrit une profonde incompréhension du vignoble face à prix moyen à 1100 euros le tonneau, avec des contrats enregistrés à 1000 euros le tonneau la semaine dernière.
Ces prix, inférieurs au coût de revient estimé à 1200 euros le tonneau, ne respectent pas l'esprit de partenariat production/négoce qui avait prévalu lors de la campagne 2013/2014, estime-t-il. « L'année dernière, des présidents de cave coopératives et des représentants de la filière se sont engagés à limiter les hausses de prix pour garantir une durabilité sur les marchés. Mais la contre-partie était que les prix de 2014 assurent le coût de revient ». Il n'oublie pas que c'est en 2015 que l'effet de la grêle 2013 sera le plus durement ressenti par les viticulteurs. «Le revenu 2014 est un revenu assurantiel ».
Mais au-delà cette confiance, les conditions économiques devraient jouer en faveur de cours raffermis, selon le président des Jeunes Agriculteurs. « Le volume 2014 est moyen, le ratio des stocks est inférieur à 10 mois, ce qui est faible. J'ai du mal à comprendre pourquoi le négoce joue à ce jeu-là ». Et la contraction du marché (notamment en Chine), l'environnement économique limite déflationniste ne sont pas des raisons suffisantes à cette pression sur les cours. « En baissant les prix de Bordeaux, on arrive à une strate de concurrence des vins sans indication géographique. Bordeaux a une image, je ne comprends pas qu'on la brade ».
Alors, n'est-ce pas le rôle de la Commission économique, vrac et marché du CIVB de régler ce problème pour mieux prendre en compte les intérêts de la production ? « Il semble que les représentants professionnels, qui y siègent, ne parviennent pas à convaincre le négoce » est forcé de constater Thomas Solans. En attendant, il rappelle aux viticulteurs que les banques sont prêtes à réaliser des prêts courts termes pour faire face aux besoins de trésorerie... et ne pas lâcher sur les prix !
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