Les maladies du bois ne cessent de s’étendre dans les vignobles, avec des conséquences économiques très concrètes. “Les pertes de récolte dans le département ont été estimées en moyenne à -20% sur sauvignon, sur d’autres cépages à -8%”, indique Michel Badier, conseiller viticole à la chambre d’agriculture du Loir-et-Cher. Une parcelle de sauvignon présentait ainsi cette année le taux effarant de 51% de souches non productives. Une autre du même cépage est passée de 4% à 21% de souches non productives en l’espace de 5 ans.

Avant d’entreprendre une complantation, il faut bien évaluer l’intérêt technique et économique. A la demande des vignerons, la Chambre d'agriculture du Loir-et-Cher a établi une fiche de scoring pour les aider à prendre la bonne décision (© Viti-net)
Une fiche de scoring pour évaluer l'intérêt
Ces taux de manquants posent un problème d’autant plus aigu que la valorisation des vins dans la région est faible (autour de 140 euros/hl pour le sauvignon et de 100 euros/hl pour les autres variétés). Or le coût de la complantation est loin d’être négligeable. La chambre d’agriculture du Loir-et-Cher estime entre 5,37 euros et 6,50 euros le coût d’un complant la première année : 1,80 euros environ pour le plant, le tuteur, le filet de protection, l’apport de matière organique, et le reste en temps de main d’œuvre : plantation, arrosage, binage, buttage/débuttage etc. S’ajoute l’entretien du jeune plant pendant trois ans, avant son entrée en production. Au total, un seul complant coûte entre 9 et 10 euros pour devenir productif. “Il faut compter quatre à cinq ans pour que le complant atteigne un taux de production similaire aux souches voisines et le taux de reprise reste aléatoire, souligne Michel Badier. Avant d’entreprendre une complantation, il faut donc bien évaluer l’intérêt technique et économique. A la demande des vignerons, nous avons établi une fiche de scoring pour les aider à prendre la bonne décision.”
Cette fiche (1) permet d’attribuer un score à la parcelle en fonction de son âge et du taux de mortalité. Une parcelle de moins de dix ans est créditée de 10 points, de 8 points entre 10 et 15 ans, de 6 points entre 15 et 20 ans, de 3 points entre 20 et 25 ans, de 2 points si elle a plus de 25 ans. Un taux de mortalité de moins de 3% “apporte” 10 points, entre 3 et 5%, 8 points, entre 6 et 10%, 5 points, plus de 10%, 3 points.
Planter par anticipation plutôt que complanterUne parcelle âgée entre 10 et 15 ans et présentant un taux de mortalité de 6 à 10% aura donc un “score” de 13. Une autre parcelle, âgée de plus de 25 ans au même taux de mortalité, sera notée 7. “Plus la parcelle est jeune, plus la note sera élevée et l’intérêt de la complantation sera élevé. Si le taux de mortalité dépasse 8% sur une parcelle de 15 à 18 ans, il faut se poser la question de l’intérêt de la complantation. Si l’on obtient une note inférieure à 10, mieux vaut ne pas complanter. Mais la complantation peut être intéressante sur une parcelle de 25 à 30 ans où la mortalité est faible. Cette parcelle a peut-être passé le cap difficile”, poursuit le conseiller viticole.
La complantation permet de maintenir les potentialités mais pas de renouveler le vignoble. Un vignoble insuffisamment renouvelé peine ensuite à atteindre les rendements souhaités. Michel Badier incite les vignerons à se tourner vers la plantation par anticipation.
(1) Le site internet www. techniloire.com mis en place par Inter Loire diffuse un tableau de scoring incluant plusieurs catégories de cépages en fonction de leur sensibilité aux maladies du bois. La fiche est téléchargeable sur le site, rubrique "fiches techniques".