Mildiou/Oïdium

Des pistes alternatives aux fongicides classiques

e Trafos, le solucuivre, le Timorex, le Prev-AM, les purins de prêle ou d’ortie peuvent donner, dans certaines conditions, des résultats intéressants contre le mildiou ou l'oïdium, selon l'Ifv.

“La recherche de solutions alternatives aux fongicides classiques répond à une demande sociétale forte. Ces produits alternatifs sont souvent classés comme engrais ou substance de croissance. Leur publicité se fait souvent par bouche-à-oreille et les références sur Internet sont parfois fantaisistes, explique Bernard Molot de l’Ifv. Il existe en outre peu d’essais véritablement utilisables, car beaucoup ne comprennent pas de témoins non traités”.

L’Ifv a de son côté testé de multiples produits depuis 1984. Contre le mildiou, l’eau de Javel (très phytotoxique), l’eau oxygénée, le ForMn48, le Protea (crème d’algues), l’Ulmasud, l’isothérapie (proche de l’homéopathie), le Silk, l’Osmobio, le Fungifend, le Ferti Duo (soufre et algues), le Stifenia (à 4,5 L/ha) ont eu une « efficacité nulle » selon l’Ifv (pas de différences, à plus ou moins 10% par rapport au témoin non traité). Contre l’oïdium à drapeaux, le Stifenia (1,5L/ha) a eu aussi une efficacité nulle. Ce produit à base de fenugrec est pourtant homologué contre l’oïdium.

Des taux d'efficacité variables

Contre le mildiou, l’Ifv a constaté une efficacité moyenne (utilisable si risques faibles à modérés) du Micill M500, “un produit qui n’a pas été commercialisé, peut-être pour une raison de coût de revient”, note Bernard Molot. En association avec la bouillie bordelaise BB RSR (2kg), les purins de prêle (20L/ha) ou d’ortie (5L/ha) ont montré “une efficacité moyenne de 30 à 40% dans un contexte de mildiou normal, indique Bernard Molot. En cas de faible pression parasitaire, ils permettent de sous-doser le cuivre”. Dans les essais de l’Ifv les purins étaient des préparations identiques pour tous les vignerons testeurs. “L’efficacité est probablement très dépendante de la matière première et de la préparation”, ajoute l’expert de l’Ifv.

La recherche de solutions alternatives aux fongicides classiques répond à une demande sociétale forte. Mais il manque encore d'essais fiables et un travail en réseau est nécessaire pour confronter les expériences (© Viti-net)

 

D’autres produits ont eu une efficacité oscillant entre nulle et moyenne, comme le Mycosin ou la cellulase contre le mildiou. Adjuvant associé à un fongicide classique (comparaison avec ce fongicide à dose identique utilisé seul), le Solucuivre (homologué, 2 à 3,5 L/ha) avec Anteor (retiré du marché, utilisation tolérée jusqu’au 30 septembre prochain) a eu une efficacité nulle à moyenne contre le mildiou, tout comme Abion (0,2L) avec des produits cupriques. Pour Bernard Molot, les cupriques Cuivrol, Solucuivre (utilisé seul), Aminocuivre, sont “sans intérêt” pour lutter contre le mildiou. En revanche, sur mildiou, l’IN 94/41 (4L/ha) et le Trafos MgBMnFe (5L/ha) ont présenté une efficacité moyenne (grappes) à bonne (feuilles) selon les essais Ifv 1984/2007. Du côté des produits associés, le LBG 01F34 (3L/ha) avec Folpel (1500 g) et le Trafos MgBMnfe (4L/ha) avec Folpel même dose ont eu une efficacité bonne contre le mildiou. Le Solucuivre (1L), cette fois associé au soufre mouillable a été efficace contre le rougeot parasitaire.

Travailler en réseau et confronter les expériences

L’Ifv a également fait des essais en 2008, année de forte pression. « Le Timorex (huile essentielle d’arbre à thé), le Chitosan, le Prev-AM, l’Elistim ont eu une efficacité nulle sur mildiou, précise Bernard Molot. Le Semafort seul puis avec du gluconate de cuivre s’est révélé décevant avec une petite phytotoxicité”. Contre l’oïdium (essais en réseau AIVB, Chambres agriculture Aude et Pyrénées orientales, IFV), le Timorex et le Prev-AM “ont donné des résultats intéressants en début de saison. Ils sont à réserver pour des pressions modérées. Il faut revoir les cadences et les alterner avec des fongicides classiques. Le Prev-AM avec le soufre mouillable est phytotoxique, détaille Bernard Molot. Le lactosérum a aussi été intéressant à 30 kg/ha”. La Lactoferrine a présenté une efficacité nulle à moyenne et le Trafos CaMg Si une efficacité moyenne et même bonne si associé à une demi dose de soufre mouillable.

Toutefois, tous ces produits alternatifs "ont un comportement plus aléatoire que les fongicides classiques, prévient Bernard Molot. Ils peuvent être bons sur un cépage, et moins efficaces sur d’autres. Il est utile de travailler en réseau. »