Amorim le clame haut et fort : le groupe a voué une “guerre interminable” contre le TCA. Après avoir lancé en 2003 à l’issue de trois ans de travail et d’une réévaluation du processus de fabrication, son procédé Rosa d’extraction des molécules volatiles des cellules du liège, le numéro un mondial du bouchage liège (25% de part de marché) annonce une nouvelle version de Rosa adaptée aux bouchons de liège naturel. Jusqu’ici en effet, Rosa, basé “sur une distillation par entraînement de vapeur contrôlée au cours de laquelle la vapeur et l’eau sous pression extraient les molécules de TCA du liège”, ne concernait que les bouchons techniques Twin Top (aggloméré 1 + 1) et Neutrocork.
“Le procédé déformait le bouchon en liège naturel en terme de longueur et de diamètre, explique Paulo Lopes, ancien maître de conférences à la faculté d’œnologie de Bordeaux et aujourd’hui membre du bureau Recherche et développement d’Amorim. Nous avons donc mis au point Rosa Évolution, un traitement moins énergétique et plus long (6 heures), qui n’entraîne pas de problème de modification de longueur, de compression, d’absorption et de capacité d’extraction.” Le groupe portugais annonce une mise en œuvre à l’échelle industrielle en septembre. Rosa Évolution devrait avoir la capacité de traiter 1,1 million de bouchons par jour.
Amorim a mis au point un nouveau procédé, "Rosa Evolution", qui lui permettra de produire à partir de septembre des bouchons liège naturel présentant une diminution de 80% de risque de TCA (© Viti-net)
Selon Amorim, le procédé Rosa validé par les laboratoires Excell (Bordeaux), l’Australian Wine Research Institute et le Geisenheim Institut en Allemagne permet de réduire de 80% la contamination par le TCA, “soit un seuil résiduel imperceptible à la dégustation”. “Au niveau de nos analyses de lots tests, notre seuil limite est de 5 ng/l. En début d’année, nos niveaux moyens de TCA étaient inférieurs à 3 ng/l, indique Paulo Lopes. Avec Rosa Évolution, six mois après embouteillage, le vin reste à 2 ng/l, un seuil non détectable au niveau sensoriel.”
Selon Victor Ribeiro, directeur général d’Amorim liège, le prochain défi de la firme sera de s’attaquer au TCA non détectable. Mais au-delà d’un discours sur sa lutte anti-TCA et les qualités de ses bouchons, Amorim mise aussi sur un axe de communication aujourd’hui très porteur : l’environnement. Le liège est en effet un matériau naturel et renouvelable. “120 000 hectares de chênes-lièges ont été plantés au Portugal et en Espagne depuis 10 ans, note Antonio Amorim. Et par la certification forestière, nous voulons engager les propriétaires à une meilleure gestion de la forêt. Il s’agit de donner une autre image au liège. Les jeunes consommateurs d’aujourd’hui sont moins sensibles à la tradition du liège pour le vin mais sont beaucoup plus sensibles à l’environnement.”