Daniel Nouet
Viticulteur en Muscadet. 
11,5 hectares
1,6 hectare arraché
Manque de recherche active de nouveaux marchés
« Les primes à l’arrachage définitif ne sont pas assez élevées pour inciter les viticulteurs à arracher qui préfèrent vendre leurs terres comme terrain à bâtir, ce qui rapporte beaucoup plus ! » 
« Actuellement, la région nantaise n’est pas touchée par la distillation de crise », précise Daniel Nouet qui pense que les prix d’achat ne sont pas assez élevés: « Les gens préfèrent  garder leurs vins en stock en attendant une remontée des cours, les brader ou les déclasser. » 
Depuis 15 – 20 ans, le marché des vins français en Angleterre diminue. Selon M. Nouet, la crise repose sur le manque de recherche active de nouveaux marchés surtout à l’export (publicité, marketing,…).
Le travail à l’export est indispensable

(@DR)
Gilles Bourdin
Viticulteur en Muscadet
19 ha, une partie en fermage
0,85 ha arrachés - parcelles anciennes
Pour Gilles Bourdin, « l’arrachage doit être massif et de courte durée pour avoir un impact sur le marché actuel. Il est impossible de diminuer le rendement et de ne pas augmenter les prix. Il faut diminuer les surfaces et maintenir ou augmenter légèrement les rendements ». Pour ce viticulteur,  la prime à l’arrachage définitif n’est pas assez élevée. Les viticulteurs préfèrent vendre les vignes en place à de plus grandes structures qui s’agrandissent. Avec la redélimitation des zones et des parcelles d’AOC, certaines vignes seront hors zones. Les viticulteurs n’ont pas toujours les moyens de racheter des vignes qualitatives.
« Les prix d’achat du vin pour la distillation de crise sont également trop bas, ce qui incite les viticulteurs à vendre leurs vins à bas prix, cassant ainsi le marché, ou à les déclasser », explique Gilles Bourdin. Au cours de ces voyages, notamment en Russie, il a constaté que les vins chiliens étaient très présents. Il les a trouvés très modernes ; le nom du cépage est mis en avant et l’étiquetage plus simple. Pour lui le travail à l’export est indispensable, il faut augmenter le niveau et la capacité commerciale française et réformer les catégories Aoc, Vdqs, Vdp et Vdt. Il rejoint dans cette réflexion les développements du préfet Bernard Pomel dans son rapport « Réussir l’avenir de la viticulture de France ».
« tout ce qui ne sera pas original et vrai sera invendable ! »

(@DR)
Nicolas Joly
Viticulteur dans la Coulée de Serrant
7 ha en Biodynamie
 Nicolas Joly vend la totalité de sa production sans aide. Pour lui, la France est composée de nombreux microclimats et microsols d'aspects géologiques particuliers. Ainsi, par ses racines et ses feuilles, la vigne donne au vin un goût inimitable et d’une grande valeur commerciale. Toutefois, «la chimie a détruit l'expression de ces originalités. La France a donc de beaux instruments de musique et perdu ses musiciens ! » Or dans le contexte actuel, Nicolas Joly estime que « tout ce qui ne sera pas original et vrai sera invendable du fait de nos coûts ! »
Selon lui, l’arrachage ou la distillation ne sont pas des solutions mais simplement des palliatifs qui grèvent les finances publiques et n’apportent pas d’améliorations significatives. « Cela contribue à l'immense crise monétaire mondiale » qui se profile.
La seule solution serait donc de produire des vins vraiment originaux et de qualité en utilisant la diversité des sols et climats français.
« Chacun devrait arracher au minimum 1% de sa surface  »
 Laurent Bouchaud
Viticulteur en Muscadet
Administrateur au syndicat de l’appellation Muscadet
32 ha, 2/3 en fermage
 1,8 ha arrachés
Laurent Bouchaud a été dans les premiers à demander l’arrachage lors du sondage effectué par le syndicat de l’appellation. Toutefois il est déçu par les conséquences de la campagne. « Les viticulteurs ne jouent pas le jeu, chacun attend que les autres arrachent pour lui. Chacun devrait arracher au minimum 1% de sa surface et uniquement des parcelles peu qualitatives, avec vérification par les interprofessions. »
Ce viticulteur avait senti venir la crise. « La solution serait la combinaison entre l’arrachage des vignes les moins qualitatives et la recherche de nouveaux marchés. Il faudrait aussi raisonner les rendements au niveau européen et si possible au niveau mondial. On arrache actuellement en France et on plante en Espagne. Dans quelques années, on arrachera en Espagne et on plantera en France ?! »

(@DR)
M. Amiot
Viticulteur à Chambolle-Musigny
Président du syndicat de l’appellation
6,5 ha 
« L’arrachage est une solution pour éliminer les vins et les parcelles de mauvaise qualité »
La Bourgogne, et surtout l’appellation Chambolle-Musigny, n’est pas touchée par les campagnes d’arrachage et de distillation de crise. «Les vins produits sont de qualité et se vendent donc bien », explique Monsieur Amiot, viticulteur à Chambolle-Musigny. Toutefois, ce viticulteur se sent concerné par le problème puisqu’il touche beaucoup de vignerons en France. « Dans certaines appellations, on a trop planté, la production est donc excessive par rapport au marché. L’arrachage est une solution pour éliminer les vins et les parcelles de mauvaise qualité. La distillation doit être ponctuelle mais je la trouve injuste et dommage pour les Aoc. »
La vérité est ailleurs
 Jean-Jacques Paire
Viticulteur en Beaujolais
Administrateur au syndicat de l’appellation beaujolaise
Jean-Jacques Paire, n’a pas participé aux campagnes d’arrachage ou de distillation de crise. Il trouve la première mesure inappropriée aux problèmes actuels. Il faudrait restructurer le vignoble, « c'est-à-dire baisser les densités de plantation de 40 à 50 %. Il vaut mieux arracher 1 rang sur 2 qu'arracher la moitié de la surface du beaujolais, car les surfaces restantes seront toujours à la traîne au niveau mondial...! » Il estime que cette mesure risque d’affaiblir le potentiel du vignoble sans en baisser les coûts de production à l'ha.
En ce qui concerne la distillation de crise, « les prix de retrait étaient très bas, 35 à 38€/hl, et je n'avais pas trop de stocks. Cette mesure est un peu mieux car le vin détruit désengorge le marché. Mais le risque des abus demeure. »
En fin de compte, pour ce viticulteur la solution est ailleurs. « Il faut commencer par développer une appellation régionale, renforcer les marchés nouveaux, produire un vin d’après-primeur, développer le tourisme viticole,… »
Propos recueillis par Anaïs Josserand et Marie Nussbaumer, étudiantes à l'Ecole supérieure d'agriculture d'Angers.


											
                                    
                                    
                                    

