Fiche d’identité de l’exploitation
Benoit Lahaye: L’hiver, je laisse l’enherbement naturel spontané, pour garder une bonne portance du tracteur. Au printemps, je procède à un griffage complet, d’une profondeur de 15 cm environ, pour retravailler le sol, avant la pousse de la végétation. L’outil que j’utilise est une charrue à dents incurvées. J’entretiens ensuite avec un outil cœur ; en tout, cela revient à cinq passages par an en moyenne, chiffre bien sûr conditionnés par la météo et la pousse sur les parcelles.
Cette stratégie, je la conduis sur l’ensemble des parcelles, excepté sur une petite partie, 70 ares, sur laquelle je procède à un essai d’enherbement sur une année, que j’entretiens par tonte puis que je détruits ensuite par un buttage complet en décembre. L’objectif est de tester l’apport de matière organique et de forcer la vigne à aller encore plus en profondeur.
L’enherbement a bien sûr eu un impact sur le rendement : de 50 hl/ha en moyenne, je suis passé à 10 ou 15 hl de moins. Mais j’ai gagné en qualité : la vendange a plus de degrés naturels, et d’un point de vue organoleptique, j’ai des notes très fraîches d’agrumes sur les raisins blancs ; sur les rouges plus de complexité et de rondeur. Pour ne pas trop épuiser et asphyxier la vigne à cause du non-travail, je fais un roulement de l’essai sur les parcelles. Les contours de parcelles sont également enherbés, c'est une obligation de l’Odg, ce qui pose d'ailleurs problème en cas de mauvaises herbes ou si votre voisin n’entretient pas, on est vite envahi ! Concernant le désherbage sous le rang, je suis par contre resté au désherbage chimique, avec un pulvérisateur à jet projeté.

Benoit Lahaye (© D.R.)
V.N.: Rencontrez-vous des difficultés particulières (temps, matériel) lié au désherbage mécanique ?
B.L.: Normalement, en termes de temps de travail, j’arrive à faire toute la surface en 1 jour ou 1 jour et demi. Sur les parcelles désherbées en coteaux, il m’arrive parfois d’avoir de gros problèmes d’érosion.
En cas de mauvaise année, trop pluvieuse, je suis aussi parfois obligé de désherber chimiquement. C’est ce qui arrive quand la pression maladie est trop forte, car la lutte contre les maladies reste ma priorité, ou que je manque de temps. Lorsque le temps de ressuyage du sol est trop long et le sol trop humide alors que les mauvaises herbes se développent, je peux également être embêté ; un labour n’est pas bon dans ce cas là.
Pour casser les éventuelles semelles de labour, tous les cinq ans environ, je passe avec un outil à dent, à 30 cm de profondeur.
VN: Pourquoi ce choix du désherbage mécanique dans le rang ?
B.L: D’une façon générale, je suis en réflexion constante par rapport au désherbage, vis-à-vis des contraintes environnementales et de la baisse des intrants chimiques, mais aussi des pratiques anciennes. Ce que je constate d'ailleurs, c’est que depuis que je suis passé au désherbage mécanique, mon père avant moi était en désherbage chimique, c'est que les vers de terre sont beaucoup plus présents, le sol étant beaucoup moins tassé qu'avant.
A terme, si c’est possible, j’envisage même à la suppression totale des herbicides. J’essaie d’anticiper les futures réglementations, voir si je peux m’en sortir et retravailler sur ma stratégie, afin d’avoir suffisamment d’années d’expériences avant que cela n’arrive. A l’avenir, je compte poursuivre mes essais, en fonction des pentes et des sols de mes parcelles, avec des matériels et des itinéraires différents. Si les finances me le permettent, j’investirai dans du nouveau matériel ! Sous le rang notamment, la prochaine étape consiste à repérer et tester des outils qui ne blessent pas les ceps.
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