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Les cépages résistants monogéniques : source inépuisable d'incompréhension entre INRA et vignerons
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L'Inra refuse les cépages résistants monogéniques de peur que les maladies fongiques contournent leu
Les cépages résistants monogéniques : source inépuisable d'incompréhension entre INRA et vignerons

Par Alexandre Abellan Le 07 novembre 2014
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Les cépages résistants monogéniques : source inépuisable d'incompréhension entre INRA et vignerons
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xprimant l'incompréhension persistante de tout un auditoire vigneron, la question a fusé nette : « pourquoi bloquer la diffusion des variétés résistantes obtenues par Alain Bouquet, qui présentent des caractères de résistance incroyables, et permettraient dès maintenant aux vignerons de réduire les traitements phytosanitaires ? » Posée inlassablement par François Pugibet (domaine de la Colombette), cette interrogation était particulièrement pertinente à l'occasion de la conférence sur les cépages résistants à l'oïdium et au mildiou* qui se tenait ce 5 novembre au salon Dionysud. Confirmant la force des résistances sélectionnées par son confrère, le défunt Alain Bouquet, le chercheur Hernan Ojeda (Institut National de la Recherche Agronomique) martelait que leur durabilité ne pouvait être assurée en l'état. Leur résistance à un pathogène donné étant monogénique (c'est à dire assurée par un seul gène du cépage), « cela leur donne l'avantage d'être proche de Vitis vinifera, mais c'est aussi leur faiblesse : la résistance peut être contournée et perdre rapidement tout intérêt » explique-t-il.

Un argumentaire bien rodé par l'INRA, qui le répète à l'envi depuis que ses instances ont décidé de ne pas déployer les cépages obtenus par Alain Bouquet, pour privilégier l'inscription de variétés à la résistance polygénique (programme de pyramidage ResDur). Pour convaincre l'auditoire, le généticien Loïc Lecunff (INRA) précisait que le contournement des résistances monogéniques n'est d'ailleurs pas une hypothèse de laboratoire. Il rappelait en effet que « sur le terrain on observe que la variété hongroise Bianca a perdu sa résistance au mildiou, le gène Rpv3 ayant été contourné. Et c'est aussi un gène présent sur la variété allemande Regent... » Faisant des variétés d'Alain Bouquet des super-géniteurs, le chercheur appelait donc à jouer la sécurité pour ne pas faire de même avec le fameux gène de résistance à l'oïdium Run1 (issu du patrimoine génétique de Muscadinia rotundifolia et sur lequel le programme ResDur se base).

Face à ces froides précautions scientifiques, l'impatience du vignoble languedocien restait bouillonnante. « On peut s'entendre sur une possibilité de contournement, mais si vous nous faisiez confiance, il serait aussi possible de positionner deux traitements pour réduire les risques » lançait Vincent Pugibet, ajoutant savoir « que ce ne sont pas des cépages idéaux, mais on regrette qu'une avancée technologique réelle, adaptée à la région, ne soit pas accessible ». Cultivant à titre expérimental une trentaine d'hectares de cépages résistants, son père ajoute que « cela a été le même problème avec le phylloxera. Il y a eu des phénomènes ponctuels de résistance, mais à l'époque on ne s'est pas préoccupés de savoir s'il s'agissait d'une résistance polygénique. Et elle dure depuis 150 ans... »

Alors que les vignerons ressassent sans fin ce fin, et que le programme ResDur ne doit aboutir à des inscriptions au catalogue national qu'en 2016, la recherche semble déjà être passée à autre chose. Pour Hernan Ojeda, il s'agit d'intégrer plus largement « ces résistances à de nouveaux systèmes de culture, les modes de conduite comme la non-taille ou la taille minimale permettent par exemple de réduire les maladies du bois ». Pour Loïc Lecunff, l'enjeu est désormais la sélection de cépages résistants pour les adapter aux processus de production (comme avec le projet de vinifications en rosés financé par les Conseils Interprofessionnels des Vins du Languedoc et de Provence).

 

 

* : « Attention, un cépage résistant ne veut pas dire un cépage sans traitements » soulignait Nathalie Goma Fortin (Chambre d'Agriculture de l'Hérault), ces plants ne sont en effet pas exemptés des traitements obligatoires anti-flavescence dorée, et la question des autres pathogènes contenus lors des traitements se pose déjà (black-rot, acariens...). De plus « tous n'ont pas des résistances complètes (on parle alors de tolérance), et les stratégies de traitement devront être révisées pour optimiser seuils et doses de traitements employés ».

 

 

[Photo : Détail d'une diapositive de la présentation de Hernan Ojeda (cépages G5, G7 et G17 de la sélection d'Alain Bouquet)]

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