’innovation en viticulture passe ces dernières années par le développement de nouveaux « OAD », les « outils d’aide à la décision ». Les derniers nés s’appuient sur les technologies de télédétection et les Systèmes d’informations géographiques (SIG). Deux exemples concrets ont été présentés aux Grands Rendez-vous techniques de Bourgogne.
Le premier, basé sur une interface web, est proposé par la jeune société « Fruition Sciences », qui propose par aileurs des capteurs de flux de sève, utilisés pour une meilleure gestion hydrique de la vigne. Cette entreprise a mis au point une solution intégrant des données relatives au fruit (maturité, stade phénologique, pratiques culturales), la plante (potentiels foliaires, flux de sève, analyses pétiolaires), ou encore la météo. L’utilisateur peut également y intégrer d'autres données : NVDI (Normalized Difference Vegetal Index), Delta C13, afin d’aborder la variabilité spatiale du vignoble de façon analytique. « L’outil permet de visualiser la réponse d'un vignoble à un millésime et aux pratiques culturales », résume l’entreprise. Récemment, Fruition Sciences a souhaité aller plus loin dans l’usage des nouvelles technologies : elle a développé une application pour tablette ou smartphone de cet OAD, avec la géolocalisation intégrée. « Le conseiller ou le vigneron a ainsi les données sous les yeux lorsqu’il se déplace sur ses parcelles, et peut les confronter à ses observations sur le terrain », indique Sébastien Payen, co-fondateur de Fruition Sciences.
Le second OAD en ligne s’appelle « Vintage ». C’est celui actuellement en cours de développement par le BIVB et d’autres partenaires européens. Le projet, démarré en 2011, pourrait aboutir d’ici deux ans : les vignerons bourguignons devraient pouvoir l’utiliser à partir de mars 2016. Son objectif : fournir des cartes de préconisations à partir des modèles maladies, oïdium notamment, mais aussi des conseils sur les interventions au vignoble à réaliser, afin de conduire un travail différencié par parcelle et optimiser ses opérations quotidiennes. Vintage utilise des données climatiques, elles-mêmes issues de stations météorologiques, des images satellites et des informations renseignées par les vignerons eux-mêmes. Outre les maladies, l’OAD regroupe de nombreuses informations sur les sols, le climat, la vigne.
Mais le succès de ce type d’outils ne pourra se faire qu’à la condition que les professionnels se forment sur le sujet, estiment les chercheurs : « Les nouveaux outils – SIG, géostatistiques, etc - nécessitent de nouveaux savoirs, car ce sont des systèmes complexes », prévient Gilbert Grenier, professeur de machinisme à Bordeaux SupAgro. Benjamin Bois, chercheur à l’université de Bourgogne confirme : « Il y a actuellement un écart de connaissances entre les utilisateurs et les outils développés, comme les outils cartographiques par exemple. Cela nécessite un besoin de formations ou à défaut un accompagnement ».
Crédit photo : Fruition Sciences