e réunissant ce 3 novembre, la Fédération des Caves Coopératives d'Aquitaine (FCVA) présentait un visage bien plus réjoui qu'au début septembre, où les mines étaient aussi grises que le ciel était peu estival. « L'optimisme n'était alors pas la règle » reconnaît Bernard Solans, le président de la FCVA, qui ajoute ne pas savoir « si l'on peut gratifier ce millésime de miraculé, mais la Nature a été généreuse ! » Ce constat, partagé par l'œnologue Pascal Hénot (Oenocentres Coutras), résume le millésime aquitain à l'attente du bon climat : « l'hiver doux et très pluvieux a conduit à un débourrement précoce, le printemps dans la norme a été favorable à la floraison. Et après la nouaison, la douceur de juin laissait penser à une récolte particulièrement généreuse. Puis, l'été a été pourri, avec son déficit en soleil et sa forte pluviométrie : on avait l'impression que le feuillage n'arrêterait pas de pousser et que le raisin ne mûrirait pas ! Mais septembre et octobre ont été incroyablement beaux et secs. » Si ce revirement de fin de saison a ménagé un dénouement qualitatif pour les vendanges, son revers est quantitatif. Avec le flétrissement, les rendements ne sont pas à la hauteur des espoirs. Peu de caves coopératives espèrent faire le rendement (notamment en blanc), et celles girondines qui espéraient reconstituer leurs Volumes Complémentaires Individuels en rouge ont dû déchanter. Aussi chaud que sec, le temps de septembre et octobre aura conduit à un dessèchement des baies (perdant 15 à 20 % de volumes selon les estimations de la Chambre d'Agriculture), ainsi qu'à leur concentration (ce qui a rendu exceptionnel le besoin de chaptalisation).
Alors que les vinifications avancent bon train (cliquer ici pour en savoir plus), le début de bilan sanitaire de l'année viticole dresse un tableau très contraignant. En plus de la forte pression des maladies cryptogamiques (mildiou sur feuillage et nombreuses alertes de Botrytis sur grappes), 2014 aura vu l'esca s'exprimer avec une virulence particulièrement remarquée sur cabernet franc. Les insectes auront également marqué le millésime, les cicadelles des grillures ayant peut-être même fait plus de dégâts que les très médiatiques moucherons, qui ont fait planer l'odeur et la peur de pourriture acide sur tout le vignoble (avec des ravages cependant loin d'être anodins à Monbazillac, comme dans les autres vignobles de vendanges tardives). A ces nombreuses ombres au tableau s'ajoutent également les contre-coups des orages de grêle de l'an dernier sur les parcelles ravagées...
[Illustration : Grappes bordelaises flétries ; Oenoblogue]