apportant que les deux tiers des consommateurs « veulent savoir, lors de l'achat, comment leur vin est bouché »*, la Fédération Française du Liège milite pour « que la filière vin affiche clairement le mode de bouchage des bouteilles qu’elle propose à la consommation ». Cette demande de transparence n'est pas forcément pour déplaire aux autres bouchonniers. Responsable de la communication européenne pour la société américaine Nomacorc (leader du synthétique, qui bouche le 1/4 des vins tranquilles français), Caroline Thomas reconnaît que « ce sera peut-être la seule fois que je pourrai dire que nos arguments rejoignent totalement ceux des liégeurs ! » Prônant une plus grande clarté et une moindre confusion, Nomacorc se dit intéressé par une démarche qui lui permettrait de communiquer directement avec le consommateur, du moins si la mention n'est pas générique mais précise la marque. « Ce serait une véritable valeur ajoutée pour le vigneron et le fournisseur de bouchons, pour mettre en avant une philosophie partagée, comme un effort environnemental » précise Caroline Thomas, qui pense notamment à la dernière gamme née chez Nomacorc (le Select Bio à l'empreinte carbone zéro).
En proposant la création d'un label « bouchon liège » (notamment via une pétition, ayant récolté 205 signatures à ce jour), les professionnels du liège sont cependant nettement moins consensuels dans leur approche. Soulignant qu'il « est impossible de savoir comment est bouché le vin quand nous l’achetons », ils estiment en effet « que l’on découvre - mais un peu tard - que la bonne bouteille que l’on a acheté pour boire entre amis est bouchée avec du plastique ou avec une capsule en aluminium ». Un jugement de valeur que ne laisse pas passer les autres fournisseurs de bouchons. Producteur de capsules à vis, Amcor rappelle que « le bouchage à vis Stelvin est reconnaissable sur une bouteille et offre toutes les qualités d'un excellent bouchage ». Sondages à l'appui, Caroline Thomas ajoute « qu'une fois le type de bouchage connu, les intentions de rachat du vin ne sont pas modifiées. Il faudrait plutôt savoir comment seraient mentionnés les bouchons de liège agglomérés ou micro-agglomérés... » Et quand la FFL met en avant l'ancienneté du liège et son impact environnemental réduit (« 100 % biosourcé, 100 % recyclable... »), le discours est bien rodé chez Amcor (« 50 ans d'expérience », « aluminium recyclable à l'infini ») comme Nomacorc (« 15 ans de métier », « pas de goût de bouchon et donc pas de gaspillage de bouteilles, vins, étiquettes... »).
Au-delà de ces bisbilles propres aux fournisseurs de bouchons, le plus fort contre-argument à ce projet de transparence sur les modalités de bouchage risque de venir du vignoble, qui est plus en quête de simplification que de complexification de son encadrement. « Quand on voit le nombre de messages obligatoires qui doivent déjà être présents sur les bouteilles, en rajouter ne laisse plus tellement de place à la créativité ou la lisibilité » reconnaît Caroline Thomas.
* : résultat tiré d'un sondage OpinionWay réalisé en février dernier auprès de 1 010 Français.
[Illustration : Vin & Société]