Demain, la bagarre ne portera plus sur le prix, mais sur la maîtrise du sourcing » prédisait Serge Papin (PDG du réseau de grande distribution Système U) lors du quarante-deuxième congrès de la Confédération des Coopératives Vinicoles de France (CCVF). Une bataille pour l'approvisionnement déjà bien tangible pour certaines caves coopératives françaises (notamment en Vallée du Rhône). Prenant position « dans ce combat que nous annonçons pour la maîtrise du kilo de raisin », le viticulteur languedocien Boris Calmette (président de la CCVF) a fait du renouvellement générationnel des caves coopérative son cheval de bataille, une récente étude (menée auprès de 62 coopératives) avançant que « 25 % des caves interrogées font état à 10 ans d’une perte de 10 à 30 % des surfaces qu’elles rassemblent aujourd’hui ». Pour remédier à cette inexorable érosion de leurs apports, les coopératives se voient comme le levier d'aide à l'installation le plus pertinent pour répondre aux enjeux de financement. A Perpignan, le tarnais Francis Terral annonçait (au nom de la commission « foncier » de la CCVF qu'il co-préside) « lancer en 2015 un concours visant à récompenser les projets innovants d’installation en cave coopérative. Il s’agit de valoriser et de faire connaitre ce que nous faisons. »
Les caves coopératives rivalisent déjà d'imagination pour répondre à cet enjeux d'avenir par excellence, comme la Fédération des Caves Vinicoles d'Aquitaine qui a récemment passé une convention avec la Société d'Aménagement Foncier et d'Etablissement Rural Atlantique. Accord qui « permet le portage temporaire de foncier par la SAFER pour le compte de jeunes vignerons coopérateurs avec le soutien de la cave coopérative » détaille Francis Terral. Ce congrès a d'ailleurs vu la CCVF formaliser un parternariat avec la Fédération Nationale des SAFER, ce qui devrait faciliter l'échange d'informations à l'avenir (et anticiper notamment les départs à la retraite sans reprise assurée). Cette boîte à outil est complétée par la loi d’avenir agricole, qui valide l’ouverture des Groupements Fonciers Agricoles aux caves coopératives. A la demande de la CCVF, le Haut Conseil de la Coopération Agricole a par ailleurs précisé les possibilités d'acquisition de foncier par des coopératives, jugeant que cela était envisageable tant que cela n'avait pas caractère spéculatif et que cela restait accessoire (selon l'article L.522-5 du Code Rural, le seuil de 20 % définit le caractère accessoire d'une « opération réalisée avec un tiers non associé »). Clarification particulièrement appréciée par les coopératives, Francis Terral ayant salué « le Haut Conseil de la Coopération Agricole [qui] a répondu aux attentes des caves coopératives en élaborant une doctrine renouvelée permettant aux coopératives d’intervenir dans un cadre sécurisé ».
[Illustration : CCVF]