ropriété de la cave coopérative des Vignerons de Buzet, le domaine de Gueyze n'est pas un terrain de jeu réservées aux seules espèces protégées (Chevêches d'Athéna, tulipe agenaise...), chercheurs et entrepreneurs en font un lieu d'expérimentation pour l'innovation viticole (comme la cartographie de la vigueur d'une parcelle pour en moduler la fertilisation). Ce 22 juillet, ce vignoble accueillait le premier prototype du projet européen VineRobot, qui se donne pour objectif de « concevoir, développer et déployer un robot viticole équipé de technologies de détection non invasives déterminant les rendements, le développement végétatif, le statut hydrique du vignoble et la composition des raisins » (cliquer ici pour en savoir plus sur le projet). Soit un outil de suivi précis (pied par pied) de la vigueur et du stress hydrique d'un vignoble, ainsi que de prédiction de la quantité et de la qualité du millésime à venir (rendements et potentiel Å“nologique). « Mesurer et appréhender la qualité des raisins en amont de la vendange, c'est notre quête du graal » résume Sébastien Labails. Le responsable vignoble de la cave de Buzet, qui attend beaucoup des algorithmes faisant de mesures dans l'espace un outil d'aide à la décision.
C'est tout l'enjeu du projet pour Francisco Rovira (directeur du laboratoire de robotique à l'Université de Valence et responsable du projet Vinerobot), qui estime que « beaucoup de données sont désormais disponibles, mais l'essentiel ce n'est pas d'avoir des informations, c'est de les comprendre. En mélangeant informations, nouvelles technologies et robotique nous enverrons directement aux producteurs des cartes traitées et simples d'utilisation. » Le projet européen ayant débuté en janvier dernier (il doit durer trois ans), le prototype présenté était loin d'être opérationnel, ni même autonome, ne possédant pas la batterie de capteurs et détecteurs annoncés : GPS, caméras dans le visible et l'infra-rouge, caméra 3 D, capteur Multiplex de Force A... La démonstration avait pour but de tester la mobilité du robot porteur explique son concepteur, Christophe Millot (Wall-YE), qui souligne la flexibilité de ses créations : « il n'y a plus de modèles figés, tout est en perpétuelle évolution, les contraintes de l'environnement comme les outils utilisés ».
Concrétisant le projet dans les inter-rangs pentus du Lot-et-Garonne, le premier VineRobot a actuellement une autonomie (batterie électrique) de 4 heures, il est géré par tablette tactile. Réunissant huit partenaires européens (cinq PME et trois universités*), le consortium de recherche planche désormais sur l'intégration des capteurs sur la robotique, tout en poursuivant ses travaux sur la construction de cartes à partir des données mesurées et l'analyse des images pour en tirer des données agronomiques (les tests seront effectués à Buzet ainsi que dans la Rioja). Pour Sébastien Labails les capteurs terrestres ont, sur ceux aéroportés, l'avantage de la proximité : « l'un des inconvénients du drone, c'est que la prise de vue est faite de haut, on ne peut pas voir les raisins, alors qu'ici on vient à son contact ». Et il règne encore un flou réglementaire sur l'utilisation des drones ajoute Francisco Roviva.
L'avenir de l'innovation viticole passe par les robots pour Christophe Millot, qui imagine déjà les prochaines générations « sans roues ni bras, bien plus petits grâce aux prouesses de miniaturisation de la nanotechnologie ». En attendant, son robot de taille devrait faire parler de lui dès novembre, avec le déploiement de 30 unités de Nîmes à Perpignan, après des tests concluants sur gobelet et cordon de Royat en Alsace, en Pouilly-Fuissé, en Ardèche... « Ce robot ne répond pas à un esprit de rentabilité, mais de manque de main d'Å“uvre disponible » tient à préciser Christophe Millot, submergé par les demandes (les réservations pour de nouveaux robots ne seront ouvertes que cet hiver).
* : Ces partenaires sont les entreprises Avanzare, Vignerons de Buzet, SIVIS, Wall-YE et les Universités de Hochschule Geisenheim, de la Rioja et de Valence.
[Photo : Frédéric Millot pilotant le premier prototype Vinerobot ce 22 juillet au domaine de Gueyze]