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Viticulture de précision : la fertilisation raisonnée vue du ciel
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Viticulture de précision : la fertilisation raisonnée vue du ciel

Par Alexandre Abellan Le 18 mars 2014
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u'on se le dise, un fournisseur d'engrais qui cherche à diminuer les doses épandues par ses clients ne le fait « pas par philanthropie, mais par professionnalisme ! ». Et à en croire Alain Merly, conseiller Authentis pour le groupe Frayssinet (leader français des engrais organiques), les fournisseurs doivent être les premiers à se réjouir que les viticulteurs « ne traitent plus la fertilisation par dessus la jambe », mais aient pris conscience « de son lien avec la qualité du produit fini, le vin ». Un profond « changement de relation entre l'amont et l'aval » qu'il a pu constater en tant que cheville ouvrière du projet d'optimisation de la fertilisation de la cave coopérative des Vignerons de Buzet (qui n'a recours qu'à la fertilisation organique depuis 2007, dans le cadre de la démarche AgriConfiance). Ce plan ambitieux de rationalisation des pratiques vise à apporter la juste quantité de nutriments, pas plus, et certainement pas moins. Il repose sur un partenariat collaboratif entre acteurs inextricablement complémentaires.

Mettant à disposition le domaine de Gueyze (76 hectares, qui lui appartiennent en propre), la cave coopérative de Buzet a permis à la société Telespazio de mettre en application ses outils de photozonage (dont la tête de pont est la plate-forme EarthLab en Aquitaine). Lors de la véraison, courant août 2013, la filiale de Thales a ainsi mené une opération d'acquisition de données par prise de vues aériennes, avec drones et satellites, pour obtenir une carte de vigueur *. Précise au rang près, cette représentation spatiale de l'ardeur végétale a été complétée par des observations agronomiques, comme les zones à pieds manquants. Alliant SIG et empirisme, la nouvelle carte obtenue a permis un zonage parcellaire des besoin en engrais (les doses de la préparation d'Orga6 étaient de 0, 200 et 400 kg/ha dans le cas de la parcelle de merlot traitée ce 17 mars). Symbole de la viticulture de précision, la carte doit cependant rester raisonnable dans la finesse de sa résolution. Lilian Valette (Telespazio) souligne ainsi que « l'enjeu dans une carte, c'est de ne pas se perdre dans trop de zones, de couleurs ! Il faut s'adapter à la réactivité des machines, à la faisabilité des traitements et aux possibilités du suivi à la parcelle ». Dernier acteur de ce projet collectif, le constructeur New Holland a transféré ces données dans son logiciel maison (FarmWorks) et a fourni un épandeur à vis modulable (ici l'AgroVis de GRV) couplé au kit présenté lors du dernier salon Sitévi : « antenne GPS, écran de contrôle embarqué dans le tracteur, module électrique, compte tour et bloc hydraulique » énumère Pierre Cayrouse, qui ajoute que c'était « la première fois que le kit était mis à disposition d'un domaine d'une taille conséquente, à grandeur nature ».

Débouchant sur un système de modulation des apports d'engrais, aussi raisonnée qu'automatisée, cette démarche collective est encore balbutiante. Du moins d'un point de vue commercial, sa mise en pratique au domaine de Gueyze donne déjà des résultats prometteurs. Par rapport aux anciennes pratiques (la dose était jusque là modulée par larges blocs de parcelle), les opérateurs constatent déjà une réduction de 25 à 30 % des quantités épandues, soit une économie sonnante et trébuchante de 2 500 euros. Responsable vignoble de la cave de Buzet, Sébastien Labails attend de voir les résultats sur le long terme avant de se prononcer plus, mais il défend sa stratégie de « faire les choses en avant, pour espérer asseoir un avantage concurrentiel, même léger. Pour l'instant on est en avance sur le sujet de la viticulture de précision, mais nous n'en sommes qu'au début... Et nous sommes prêts à essuyer les plâtres ! » N'ayant bouclé que sa première étape (celle de la faisabilité), le projet d'optimisation de la fertilisation laisse encore ouvertes de nombreuses pistes : l'affinement des cartes au-delà du simple (mais puissant) indicateur de vigueur (e.g. maturité, carences, humidité...), la mise en place de vendanges sélectives, de traitements phytosanitaires sur mesure...

Pour mettre son modèle à l'épreuve de la diversité des terroirs, cépages et modes de conduites, Telespazio prévoit désormais de l'expérimenter dans des châteaux bordelais. Les Vignerons de Buzet préparent quant à eux d'autres projets, comme celui européen WineRobot, ou l'utilisation expérimentale d'une préparation d'algues aux vertus anti-fongiques. N'oubliant pas le volet concret de leur exemplarité dans le développement durable (reconnaissance AFAQ 26 000 oblige), ils s'apprêtent également à installer un perchoir à faucons sur le domaine de Gueyze.

 

 

* : via l'indice Normalized Difference Vegetation Index, le NDVI (rapport de réflectance de la végétation dans le visible et le proche infra-rouge).

 

 

[Photo : démonstration d'épandage raisonné au domaine de Gueyze ce 17 mars 2014]

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