e tout nouveau directeur de la région Aquitaine pour l'Alimentation, de l'Agriculture et de la Forêt, François Projetti a conclu l'assemblée générale du CIVB par une annonce qui était on ne peut plus attendue : le décret étendant l'accord 2014-2017 de l'interprofession bordelaise a été signé ce 18 juillet par les ministères de l'Agriculture, de l'Economie et des Finances. La signature de l'avenant à l'accord triennal* n'en a été que plus fermement signé par Alan Sichel (président de la Fédération des Négociants), Xavier Coumau (président du Syndicat Régional des Courtiers) et Bernard Farges (président du CIVB), qui défendait dès son discours d'introduction la représentativité de son institution : « nous respectons seulement les textes en vigueur, ils précisent que les interprofessions sont constituées par les organisations représentatives du négoce et de la production ». Et d'ajouter : « la Fédération des Grands Vins de Bordeaux représente tous les ODG de Gironde, ils ne rassemblent eux que 100 % des viticulteurs AOC, excusez du peu ! Je vous laisse le soin d'imaginer ce qui pourrait être plus représentatif que 100 % des viticulteurs. »
Ironiques, ces arguments étaient autant de piques lancées contre l'appel commun de la Confédération Paysanne et de la Coordination Rurale au ministère de l'Agriculture pour qu'il ne signe pas l'accord interprofessionnel du CIVB (cliquer ici pour en savoir plus). L'humour pince-sans-rire de Bernard Farges a laissé de marbre Claire Laval (porte-parole Confédération Paysanne), qui a maintenu son opposition aux accords, refusant à la FGVB la représentativité du collège des producteurs de vins girondins (« c'est une fédération d'entités à adhésion obligatoire, ce qui n'est pas la définition française d'un organisme représentatif »), regrettant la non-application de la loi de modernisation d'agriculture pour les acomptes (fixés à 15 %), critiquant la mise en application bordelaise des contrats pluriannuels (« la dérogation allongeant les délais de paiement »)... Et surtout « les Cotisations Volontaires Obligatoires, qui présentent une invraisemblable disproportion entre les capacités contributives des opérateurs ! » Une remarque que n'a pas relevé Bernard Farges, qui a souligné que l'interprofession était avant tout un concept légal, « que nous appliquons à la lettre » et que les « ODG invitent 100 % des viticulteurs à participer à la démocratie ». Prenant le relai, Bernard Bouchon (Coordination Rurale) estimait quant à lui que « la ruralité est en train de mourir. A ne pas vouloir prendre en compte l'aspect social d'une viticulture qui souffre (en Entre-deux-Mers, Médoc...), l'interprofession n'est pas dans sa mission. »
Pour son premier anniversaire à la présidence du CIVB, l'assemblée générale était assez chahutée pour Bernard Farges. S'y ajoutaient les regrets d'Alan Sichel, qui avouait que c'était « un peu sous la contrainte que le négoce accepte la clause des délais de paiements [dans les contrats pluriannuels] » et surtout l'interpellation d'Alain Leveau sur les difficultés de financement de l'Association Départementale d'Étude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques de la Gironde. Le président de l'ADELFA demandait en effet au CIVB d'avancer 50 000 euros (« un euro par hectare ») pour débloquer la subvention du Conseil Général (50 000 euros) et que le réseau de canons anti-grêle puisse être approvisionné en iodure d'argent jusqu'à septembre. Ne souhaitant pas répondre à « un chantage », Bernard Farges a rappelé la décision du CIVB de financer « à part égale avec le conseil général un audit, pas sur l'association, mais sur le dispositif, pour l'optimiser ». Considérant que ce sujet n'était pas directement du ressort du négoce, Hervé Grandeau a tenu à préciser « que les ODG pourront être parties prenantes dans le financement de l'outil, s'il est prouvé qu'il assure une certaine protection ».
* : le texte d'extension des accords interprofessionnels a été adopté le 14 avril dernier. Les éléments sur les délais de paiement dans les contrats pluriannuels avaient été retirés à la demande de l'administration. Adopté ce 21 juillet à l'unanimité (moins une abstention), l'avenant les a précisés et rajoutés (date de référence pour les retiraisons, possibilité d'un paiement échelonné pour les vendanges fraîches...).
[Photo : Xavier Coumau, Bernard Farges et Alan Sichel signant l'avenant aux accords interprofessionnels des vins de Bordeaux ce 21 juillet au CIVB]