orsque le nouveau gouvernement chinois a lancé en 2013 une campagne de moralisation de la vie publique des cercles politiques, beaucoup se sont inquiétés et y ont vu l'arrêt prématuré d'un marché prometteur. Dans leur dernier rapport sur les spiritueux, les experts de la Rabobank s'étonnent du poids persistant de ces mesures sur la consommation chinoise. Leurs répercussions sont en effet loin d'être momentanées, en témoigne la dégringolade des ventes de baijiu, l'alcool chinois traditionnel par excellence, dont les ventes diminuent aussi bien dans l'entrée que dans le très haut de gamme. « Une tendance que l'on retrouve pour les spiritueux importés » note Stephen Rannekleiv, analyste pour la banque néerlandaise. D'après les experts, la consommation chinoise de spiritueux ne devraient pas renouer avec la croissance avant le premier trimestre 2015.
Cette conclusion n'est pas partagée par tous les opérateurs du marché chinois, certains étant particulièrement optimistes sur sa capacité de rebond (grâce aux jeunes et aux classes moyennes). PDG des cognacs Martell, champagnes Mumm et Perrier-Jouët, Philippe Guettat estime ainsi que « de l'autre côté [de l'atonie des ventes pour les banquets et cadeaux] il y a une consommation privée qui continue de croître ». Les échos du dernier salon Vinexpo Asia (Hong Kong) sont également optimistes, faisant état d'une structuration et d'une professionnalisation d'un marché toujours en voie d'émergence, ainsi que d'un appétit avéré pour les spiritueux (Vinexpo ayant développé une aire dédiée).
La dernière étude de l'ISWR estime que le marché mondial des spiritueux s'est élevé à 27,9 milliards de litres en 2013, en légère baisse de 0,1 % par rapport à 2012 (à comparer avec des croissances annuelles moyennes de 6,5 % de 200è à 2011). Malgré le coup d'arrêt des consommations chinoises et iniennes, la zone Asie-Pacifique reste le premier marché mondial pour les spiritueux (avec 62 % des volumes vendus l'an dernier).
[Photo : Hervé Lefevbre (Vinexpo Asia)]