e 24 février, la chambre correctionnelle du Tribunal de Grande Instance de Dijon avait convoqué le vigneron Emmanuel Giboulot (10 hectares en biodynamie à Beaune) pour ne pas avoir traité ses vignes contre la cicadelle Scaphoideus titanus en 2013, enfreignant ainsi l’arrêté préfectoral qui plaçait l'ensemble de la Côte d'Or dans le périmètre de lutte obligatoire contre la flavescence dorée (cliquer ici pour en savoir plus). Risquant jusqu'à 30 000 euros et six mois de prison selon l'article L 251-20 du Code Rural, Emmanuel Giboulot n'encourait à la sortie de son audience qu'une amende symbolique de 1 000 euros (dont 500 de sursis). En attendant que la chambre n'achève ses délibérations (le jugement est attendu ce 7 avril), la ferveur qui entourait l'audience ne semble pas prête de retomber. Le sujet attise, il est vrai, « l'intégrisme aveugle » comme le rapportait Olivier Leflaive.
Se disant « prêt à répondre de mon acte et à en assumer les conséquences », Emmanuel Giboulot a toujours souligné que « ce qui va se jouer lors de ce procès dépasse de très loin mon cas personnel : à travers moi, c’est toute l’agriculture respectueuse de l’environnement, qui est visée ». Porté par un groupe de soutien actif, ce message a mobilisé au-delà de la Bourgogne, comme le montrait le pique-nique organisé ce 24 février avant l'audience. Emmanuel Giboulot s'y était même rendu avec l'impression des 100 000 premières signatures de sa pétition (photo). Il peut désormais compter sur plus de 500 000 soutiens grâce à la médiatisation (inter)nationale de son affaire. Le parvis du TGI de Dijon connaissait ce lundi une animation qui n'était pas sans rappeler celle d'un autre fameux procès, celui du démontage du McDonald's de Millau en 1999 par l'altermondialiste José Bové.
Soutenu par des ONG altermondialistes, le vigneron a également porté le débat sur la scène politique. Le parti Europe Ecologie les Verts estime ainsi que « l’arrêté préfectoral arbitre de façon surannée le code rural face aux enjeux très actuels de la préservation de la biodiversité mise à mal par l’usage des pesticides et autres insecticides ». Tout à l'opposé, le syndicat agricole Coordination Rurale tranche : « ne pas traiter les vignes lorsque l’on est dans une zone contaminée ou une zone de sécurité relève de l’inconscience et de l’irresponsabilité vis-à-vis des autres viticulteurs ». Moins brutal, le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne semble surtout gêné par l'amalgame qui fait entre la stratégie obligatoire de traitement insecticide et les pratiques phytosanitaires de l'ensemble du vignoble. Egrenées par les opposants aux traitements obligatoires, les conséquences environnementales de ces dispositions (mortalité de la faune auxiliaire, pollution des cours d'eau, résidus dans les vins...) débouchent sur publicité internationale on ne peut plus négative. Et on ne peut plus dispensable pour la majorité des opérateurs, alors que la Bourgogne connaît une campagne de commercialisation délicate, après une succession de faibles récoltes,
[Photo d'Emmanuel Giboulot devant le TGI de Dijon ce 24 février : Comité de Soutien à Emmanuel Giboulot]