n 2013, l'Île de Beauté aura été l'un des rares vignobles français à être satisfait par sa quantité de vins produits, à 360 000 hectolitres (dont 110 000 hectolitres de vins d'appellation et 250 000 hl de vins de pays). Malgré une production en hausse de 8 %, le vignoble corse est « commercialement sur le fil du rasoir, beaucoup de domaines sont en rupture de stocks en juillet ou août » s'inquiète Eric Poli (Clos Alivu, AOC Patrimonio). « En cas d'incident climatique nous ne sommes à l'abri de rien... Conquérir des marchés prend une dizaine d'années, les perdre n'en prend qu'un. » Depuis son élection à la présidence du Conseil Interprofessionnel des Vins de Corse, Eric Poli n'a pas revu sa position, il reste persuadé de la nécessité d'augmenter significativement le potentiel de production corse. Si la Corse n'a pas de plan pour cette montée en puissance, elle a lancé son Plan Collectif de Restructuration (PCR), plantant à plus forte densité et « revenant aux cépages traditionnels, en enlevant chardonnay, merlot... qui répondait à une mode des cépages internationaux et pas forcément à nos terroirs propices au vermentinu, sciacarellu, niellucciu... » commente Eric Poli.
Mais les modalités de cette restructuration ne satisfont pas entièrement le président de l'interprofession, qui demande aujourd'hui un déplafonnement des surfaces éligibles au plan collectif de restructuration. « Au bout de six hectares restructurés dans une exploitation, nous n'avons plus réglementairement le droit d'utiliser les droits de plantation aidés qui restent en porte-feuille » explique Eric Poli. Le Conseil Spécialisé Vins de FranceAgriMer reste aujourd'hui réservé sur cette mesure d'exception, craignant un précédent. Chef du service régional Corse de FranceAgriMer, Guillaume Hoeffler reconnaît que « le bassin corse est atypique, il a le potentiel de croître en production sans destabiliser de marchés ». Il estime cependant que le déplafonnement des surfaces éligibles concernerait au final peu de viticulteurs. Il rappelle que trois autres pistes sont envisageables, « la perte des droits de réserve ou la plantation sans aide (ce qui intéresse peu les viticulteurs), ou le report exceptionnel des droits de plantation au terme du PCR ». Une option que ne retient pas Eric Poli, qui « demande un déplafonnement rapide, d'au moins trois hectares, pour répondre à nos enjeux de croissance dès aujourd'hui, pas dans deux ans ! » Le vignoble corse est aujourd'hui stable à 6 000 hectares en production.
[Photo : Eric Poli sur le stand Vinisud du CIV Corse ce 25 février]