uelle que soit l'issue du pari EcoPhyto 2018 (le plan doit réduire de 50 % les quantités de produits phytosanitaires utilisés en dix ans), le message a d'ores et déjà bien été enregistré par l'ensemble de la filière viti-vinicole : pour produire durablement il faut réduire la consommation d'intrants des exploitations. La recherche se penche notamment sur les systèmes de cultures consommant peu de pesticides et fongicides, via le projet national EcoViti (volet expérimental d'Ecophyto). En Aquitaine, onze parcelles « prototypes » ont été étudiées en 2012 et 2013 pour évaluer des systèmes viticoles peu consommateurs en intrants phytosanitaires (de la modalité « zéro pesticide » à la production intégrée en passant pas la viticulture biologique). D'après les premiers résultats publiés par l'IFV et l'INRA, la réflexion systémique de la parcelle (ébourgeonnage et effeuillage pour favoriser la prophylaxie, raisonnement des traitements avec les outils d'aide à la décision type Mildium et Optidose, travail du sol...) permet bien de réduire les traitements tout en maintenant les performances agronomiques et économiques des parcelles étudiées. Les chercheurs notent en effet que si « les modifications de pratiques engendrent une légère hausse des temps de travaux », il apparaît que « la substitution d'opérations chimiques par des opérations manuelles ou mécaniques » permet des « économies d'intrants compensent le surcoût lié aux charges de main d'œuvre supplémentaires ».
Tout en précisant que leurs résultats nécessitent plusieurs millésimes pour être affinés (2013 aura montré la difficulté de gérer une pression fongique appuyée), les chercheurs bordelais précisent déjà que la « réduction d'application de pesticides correspond le plus souvent à une diminution de la marge de sécurité prise dans les programmes de traitement ». Complétant ces adaptations de production, les modalités d'application des produits phytosanitaires permettent également de réduire les quantités utilisées, en les rendant tout simplement plus efficaces. Dans cette optique, le banc d'essai des pulvérisateurs (mis en place à Montpellier) devrait permettre d'optimiser les réglages. Chercheur à l'IFV, Alexandre Davy s'est plus spécifiquement penché sur l'efficacité des nouvelles générations de panneaux récupérateurs. Ses essais montrent qu'il est bien possible « d'obtenir une qualité de pulvérisation équivalente avec un bon pulvérisateur bien réglé », mais que ces panneaux récupérateurs « permettent de limiter fortement (voire de supprimer) les dérives (sol/air) » et d'afficher jusqu'à 40 % de récupération de récupération de la préparation. Au final, le seul inconvénient de ce matériel est l'allongement du temps de traitement.
Les programmes de réduction des intrants ne sont pas réservés qu'à la vigne, à l'occasion de la mise en place du cahier des charges « vin bio », des chercheurs se sont penchés sur des modalités de vinification à faibles niveaux d'intrants. Ce 24 janvier, à l'occasion du colloque ligérien « la recherche vous parle », Joelle Béguin (IFV) rapportait les résultats de ses essais en phases de fermentations et d'élevage. Il en ressort notamment que l'utilisation de Levures Sèches Actives reste recommandé pour éviter une fermentation alcoolique languissante (y compris en pied de cuve). Autre intrant à réduire avec sagesse, les sulfites. Diminuer trop fortement les doses « comporte des risques microbiologiques et des pertes de fraîcheur des arômes qui peuvent nuire à la qualité finale du produit et sa bonne conservation dans le temps ».
[Illustration : zone de stockage d'intrants, MSA]