n temps de crise, les investisseurs connaissent bien la ritournelle : il faut jouer la sûreté et investir dans la terre ou la pierre. Alliant ces deux valeurs refuges, les vignobles n'attirent que logiquement les investisseurs du monde. Si les acquisitions asiatiques ont particulièrement attiré l'attention sur le bordelais (on parlerait actuellement de 60 châteaux sous pavillon chinois), le phénomène est bien plus global, qu'il s'agisse de la nationalité des investisseurs ou de celle des vignobles recherchés. Pour le cabinet Knight Frank (autoproclamé « premier consultant mondial en immobilier »), ce sont d'ailleurs les vignobles de Toscane et de Lombardie (Italie), Mendoza (Argentine), Hawkes Bay (Nouvelle-Zélande), Colchagua (Chilli) et la Napa Valley (Etats-Unis) qui auraient connu en 2013 les plus fortes hausses de leurs prix moyens. D'après l'indice des vignobles de KnightFrank*, le prix moyen des terres de ces zones affichent des croissances de 25 % en Italie, 20 % en Argentine, et 15 % pour les autres vignobles. Sur le vieux continent, la Ribiera del Duero (Espagne) voit ses cours stagner, tandis que le vignoble bordelais accuserait un net repli de son prix moyen, à -4 %.
Les propriétés girondines continuent d'afficher les prix les plus élevés de l'indice, ainsi que la fourchette de prix la plus large (avec un minimum de 20 500 millions de dollars l'hectare et un maximum de 2,5 millions $/ha), là où le Piémont et la Lombardie affichent une certaine cohérence (de 202 000 à 1 200 000 $/ha). Pour les experts du cabinet Knight Frank, ces résultats bordelais contrastés témoigne de deux tendances : les investisseurs (généralement étrangers) privilégiant les propriétés moyen de gamme à potentiel commercial, et ceux (généralement français) achetant des crus prestigieux dans une logique de consolidation de patrimoine. Les consultants ajoutent que l'investissement viticole comporte des risques autant qu'il peut apporter de récompenses, à ce titre « une stratégie de sortie reste indispensable »...
* : indice calculé à partir des prix enregistrés pour des transactions viticoles de plus de 5 hectares.
[Illustration : Vignobles de l'indice 2013 des vignobles suivis par Knight Franck]