omme dans une grande partie du vignoble français, le millésime 2013 aura été délicat à Chablis. « Le cycle de la vigne et la météo n'étaient pas en phase cette année » rapporte Françoise Roure (responsable marketing et communication pour le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne à Chablis). « Nous sommes chanceux d'être passés au travers de la gelée de printemps et de la grêle, mais les accidents se sont accumulés : à chaque fois ce n'était pas le temps que l'on attendait ! » Coulure et millerandage ont ainsi conduit à de petits rendements agronomiques, faisant craindre un fort repli de la production chablisienne. Les opérateurs sont désormais soulagés, ce repli serait contenu entre 12 et 15 %, et non 30 % comme initialement craint. Pour Frédéric Gueguen, il ne fait pas de doute que le Volume Compensatoire Individuel (VCI) « a permis d'atténuer le déficit de récolte en 2013. »
Le président de la Fédération de Défense de l'Appellation Chablis rapporte que sur ces 700 adhérents, 400 y ont recours actuellement. Expérimenté à Chablis depuis 2005, le VCI est désormais bien rentré dans les mœurs, mobilisé après les petites récoltes (2010, 2012 et 2013) et reconstitué en cas de production généreuse (2011). D'après le premier bilan sur déclarations de récolte (estimation réalisée sur 52 % des surfaces chablisiennes), l'intégration de la réserve permettra en effet de compenser une partie de la perte de récolte. L'AOC Chablis affiche ainsi un rendement agronomique de 41,48hL/ha en 2013, qui serait monté à 49,58 hl/ha grâce au VCI. De même, le rendement 2013 l'AOC Petit Chablis passerait de 38,35h à 44,44 hl/ha, celui de l'AOC Chablis Premier Cru passerait de 43,67 à 48,24 hl/ha (pour l'AOC Chablis Grand Cru, le VCI est quasiment inexistant, le rendement restant inférieur à 35 hl/ha).
Si le VCI va permettre d'atténuer le manque de volumes, il ne le comblera pas pour autant. D'après les estimations, il manquera en effet 42 000hL de vin (fin juillet 2013, les stocks de vins de Chablis était de 9 % inférieur à ceux de l'an passé). Françoise Roure ajoute que « cette moyenne cache des disparités. Le raisonnement des VCI étant individuel, certains n'en ont pas constitué et peuvent faire face à d'importantes réductions de leur production. » Dans ce cadre de flux tendus, la revalorisation des prix des bouteilles est inévitable, tandis que la hausse du cours du vrac pourrait se poursuivre (aujourd'hui 850-900 euros la feuillette* en AOC Chablis).Face à ces deux petites récoltes d'affilée, Frédéric Gueguen estime qu'il faut désormais jongler « entre la volonté d'approvisionner tous ses clients, tout en devant les contingenter pour préserver tous nos marchés ».
Nécessitant un travail de traçabilité exigeant, le VCI permet de combler un déficit quantitatif (rendement à l’hectare inférieur au rendement annuel) en utilisant un volume préalablement mis en réserve (pour en savoir plus, cliquer ici). La publication ce 22 novembre du décret n° 2013-1051 pérennise désormais ce système et l'étend au niveau national.
* : nom d'un fût traditionnel de Chablis, d'une contenance de 132 litres.
[Photo : Vignoble de Chablis, BIVB]