Bonne nouvelle pour l'INPES, l'usage hebdomadaire de vin s'effrite en France, à 36,9 % en 2010...

Les Français et leurs vins : enquête de (mauvaise) consommation contre sondage de (bonne) perception

ssuyant avec une régularité métronomique les critiques hygiénistes, la filière des vins française a l'indignation à fleur de peau, mobilisée qu'elle est depuis le projet de révision sanitaire de la fiscalité des vins (campagne « ce qui va vraiment saouler les Français »). Comme pour les propos douteux du directeur de l'Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (Patrick Elineau comparait la censure australienne des sites pédopornographiques avec le besoin français de brider les discussions sur le vin), il n'a pas fallu attendre longtemps pour que la publication de l'Atlas des usages de substances psychoactive par régions françaises de l'Institut National Pour l'Education et la Santé fasse réagir.

Au-delà de ses conclusions à l'emporte pièce ("moins de buveurs réguliers mais une fréquence des ivresses en forte hausse"), la mise en scène des "cartes de France des addictions" exaspère, mettant sur le même plan les conduites à risques (ivresse répétée, usage de drogues illicites...) et la consommation hebdomadaire de vins. Pour les auteurs du rapport, dès lors que la population d'une région a une fréquence de consommation de vins supérieure à la moyenne nationale, elle est jugée en "surconsommation". C'est le cas en 2010 pour le Val de Loire, le Languedoc-Roussillon, les Midi-Pyrénées (voir cartes), ce "qui coïncide en partie avec les grands territoires viticoles" commente l'INPES. Qui se garde d'ajouter qu'il n'y a pas de vin sans vignes, mais se félicite de l'arrivée dans la moyenne des "régions Alsace, Aquitaine et Rhône Alpes" (la Corse reste épargnée par cette étude).

Résumant l'agacement de tout une profession, le maire d'Epernay, Franck Leroy, déclarait à l'Union que « le vin n’est pas une drogue, c’est un art de vivre ! », ajoutant ne plus pouvoir « supporter que le vin soit présenté comme un produit dangereux pour la santé ». Le dernier sondage de Vin et Société arrive à point nommé pour appuyer ce jugement. D'après l'enquête, menée par IFOP, 85 % des sondés estiment que le vin est « une composante de l’art de vivre » à la française. Dépassant la simple image d'Epinal, ils ne manquent pas de pragmatisme économique. 94 % d'entre eux estiment en effet que le vin « donne une bonne image de la France à l’étranger » et « représente une part importante de nos exportations ». Restant en tête de cette mobilisation nationale, l'association Vin & Société organise ce 30 novembre la journée de conférence Vino Bravo (à Bordeaux), pour démonter les idées reçues mettre à plat les bonnes volontés. « L’arbitraire se nourrit de l’ignorance » déclarait Sylvie Cazes (Cité des Civilisations du Vin, participante à Vino Bravo).

 

 

 

[Illustration : cartographie régionale de l'usage de vins en France en 2005 et 2010, INPES]